Ils y trouvaient sûrement leur compte, mais ça ne diminue en rien leur mérite. «Ils», ce sont de jeunes et moins jeunes qui ont redoublé d'effort pour mettre un peu plus d'éclat en ce jour béni de la Saint Valentin, trop émoussée par la discrétion et la difficulté. L'occasion faisant toujours le larron, elle a aussi, une fois n'est pas coutume, fait de gais lurons dans les rues d'Alger et sûrement des autres grandes villes du pays. On les a vus, ces jeunes et moins jeunes, le panier de roses nonchalamment accroché au bras, allant vers les couples, le rire vrai et le verbe facile, les «inciter» à l'amour dont les fleurs proposées étaient bien évidemment le plus bel intermédiaire. D'autres, plus entreprenants, avaient multiplié les offres. Des parfums, de menus bijoux et d'autres objets qui pouvaient bien faire l'affaire pour le cadeau de l'amour. L'on ne saura sans doute jamais si vraiment ces boutiquiers de la rue avaient offert quelque chose à leurs femmes ou copines, mais on sait qu'ils ont déployé des trésors d'arguments pour que d'autres le fassent. Mais c'est déjà ça de pris chez cette humanité vivant de bric et de broc, dont on sait qu'elle cache en son ventre le meilleur et le pire. Qu'on leur prenne une rose cellophanée ou un chaînon de toc, volontiers ou à l'usure, ils auront mérité leur journée et sûrement plus que ça. Pour vous avoir convaincu de mettre la main à la poche, dégrisé un instant fugace de votre vie ou simplement arraché un sourire de sympathie pour tant de persévérance. Ils ont du toupet, ces jeunes et moins jeunes au panier de la Saint Valentin, puisqu'ils vont jusqu'à vous faire la leçon. Et ils savent s'y prendre, puisqu'ils vous demandent rarement d'acheter, mais simplement d'aimer, ou à la limite, offrir. Le parfum ou la rose, à moins que ne soit les deux. Quand le soir venu, ils iront «bouffer l'argent des tulipes», comme le disait merveilleusement Nazim Hikmet dans l'un de ses poèmes, ils auront en plus le bonheur qu'en ce jour béni de la Saint Valentin, ils ont sorti le meilleur d'eux-mêmes. Les autres, ceux qui ont mis la main à la poche, volontiers ou travaillés au corps, se souviendront de ce jeune exubérant qui leur a collé un petit quelque chose à offrir. La vie est faite aussi de ces petites choses-là. Le jour des amoureux et les autres jours. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir