Engagées depuis quatre jours dans une offensive à Marjah, les forces afghanes et internationales butaient toujours hier sur des poches de résistance dans ce fief taliban du sud afghan truffé de bombes artisanales. «Des centaines de mines ont été découvertes», a déclaré Besmillah Khan, chef d'état-major de l'armée afghane. «Nous progressons lentement car des zones ont été minées.» Lundi, les commandants afghans avaient assuré que la coalition s'était arrogée le contrôle de la quasi-totalité de Marjah et ses environs, un des fiefs des insurgés islamistes. Un porte-parole des marines américains, qui orchestrent cette offensive forte de 15000 soldats, s'est déclaré surpris hier par le nombre d'engins explosifs essaimés par l'ennemi. «Nous en trouvons beaucoup plus que nous pensions», a déclaré le lieutenant Josh Diddams. Le général Larry Nicholson, qui commande les marines sur place, a estimé que la sécurisation de la zone prendrait 30 jours, selon le lieutenant Diddams. Les engins explosifs artisanaux sont un fléau qui décime régulièrement les rangs des forces internationales et afghanes. Selon la Croix-Rouge, les bombes dissimulées en bordure de route empêchent aussi l'acheminement des blessés à l'hôpital de Lashkar Gah, à 20 kilomètres de Marjah. Des snipers talibans contribuent aussi à ralentir les opérations en ouvrant le feu depuis des maisons ou des mosquées, selon les militaires. Au quatrième jour de l'offensive Mushtarak, le bilan est de deux soldats tués dans les rangs de l'Otan. Par ailleurs, l'Alliance atlantique a annoncé que 12 civils ont été tués depuis le début de l'opération, neuf dimanche par deux roquettes de l'Isaf qui ont manqué leur cible, deux autres parce qu'ils n'avaient pas respecté des sommations des soldats étrangers, et un pris entre deux feux. Cinq civils ont également péri dans une frappe aérienne de l'Otan dans le sud, mais loin de l'opération Mushtarak. L'objectif de Mushtarak était d'abord de reprendre cette zone aux mains des insurgés et de barons de la drogue. Une fois les talibans délogés, la seconde phase de l'opération doit permettre de restaurer l'autorité de Kaboul dans cette zone, selon l'Otan et les autorités afghanes. Les talibans n'ont jamais opposé de résistance frontale aux précédentes offensives dans le sud ou ailleurs, privilégiant une tactique de harcèlement avant de se replier dans les montagnes ou de se fondre dans la population.