Les forces combinées afghanes et internationales poursuivaient hier l'offensive entamée samedi, annonçant hier contrôler l'ensemble de la région selon les plans établis. Les forces internationales et afghanes ont repris le contrôle de la quasi-totalité de Marjah et de ses environs et les taliban ont fui, a assuré hier le commandement de l'armée afghane, au troisième jour d'une vaste offensive dans ce bastion des insurgés dans le Sud de l'Afghanistan. Le bilan, pour l'heure, est d'au moins deux soldats de l'Otan tués dans l'opération Mushtarak - un Américain et un Britannique -, 27 taliban selon l'armée afghane, mais aussi 12 civils au moins, tués dimanche par deux roquettes de la force internationale. «La totalité des zones de Marjah et Nad Ali ont été prises par les forces mixtes et sont sous leur contrôle», a déclaré le général Aminullah Patiani, commandant en chef de forces afghanes dans le Sud, avant de se reprendre: «La presque totalité de Nad Ali et Marjah» sont sous contrôle. «Les taliban ont quitté la zone, mais la menace des engins explosifs artisanaux demeure», a précisé le général Patiani, qui s'exprimait à Lashkar Gah, la capitale de la province du Helmand, où est nichée Marjah. «Nous pensons annoncer la fin de l'opération aujourd'hui» (hier), a renchéri un très haut responsable du ministère afghan de la Défense. Un officier des marines américains, qui dirige l'opération Mushtarak, a cependant précisé que ses hommes rencontraient encore «une résistance opiniâtre» dans certaines poches du district de Nad Ali. L'offensive, décrite par certains militaires de l'Otan comme la plus importante en termes d'effectifs engagés en huit ans de guerre contre les taliban, a été lancée dans la nuit de vendredi à samedi par quelque 15.000 soldats afghans et des forces internationales. L'objectif de l'opération Mushtarak était d'abord de reprendre cette zone au coeur du Helmand, un fief des insurgés islamistes et grenier à pavot de l'Afghanistan, la matière première de l'opium et de l'héroïne, dont les taliban tirent une partie importante de leurs ressources. Une fois les taliban délogés, la seconde phase de l'opération doit permettre de restaurer l'autorité de Kaboul dans cette zone, selon l'Otan et les autorités afghanes. Dès la fin de la deuxième journée de l'offensive, des hauts responsables militaires de l'Otan et américains s'étaient dits satisfaits du déroulement de l'opération. L'offensive progresse «bien», avait affirmé le conseiller à la sécurité nationale du président Barack Obama, le général James Jones. «Tout s'est déroulé selon les plans», avait renchéri à Londres le général Gordon Messenger, porte-parole de l'armée britannique. Outre 4400 soldats afghans, la quasi-totalité du reste des 15.000 militaires engagés à Marjah sont américains et britanniques. Hier, l'Otan a indiqué, sans préciser la nationalité, qu'un autre de ses soldats avait été tué dans l'explosion d'un engin artisanal dans le Sud, sans préciser cependant s'il était engagé dans l'opération Mushtarak qui n'a donc fait, pour l'heure, officiellement que deux morts dans les rangs des forces étrangères. Les taliban n'ont jamais opposé de résistance frontale aux précédentes offensives dans le Sud ou ailleurs, privilégiant une tactique de harcèlement avant de se replier dans les montagnes ou de se fondre dans la population. Un commandant taliban, le mollah Abdul Rezaq Akhund, avait raillé dimanche une «opération de propagande», et la «prise médiatisée par les télévisions d'un petit village». Nombre d'experts et responsables des services de renseignements occidentaux estiment que Marjah n'est qu'un fief taliban parmi d'autres dans le Sud. L'insurrection des taliban a considérablement gagné en intensité ces deux dernières années et s'est étendue à la quasi-totalité du pays, les taliban multipliant les attaques audacieuses jusqu'au coeur même de Kaboul.