Le certificat de capture est devenu une pièce obligatoire à partir de cette année pour les exportations de produits de la pêche vers les marchés européens, a annoncé le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Ce permis comporte toutes les données sur la traçabilité de la production, ce qui permet d'intensifier les opérations de lutte contre la pêche illicite. En revanche, le comité national des marins-pêcheurs et poissonniers n'est pas encore informé de la nouvelle instruction de l'UE. L'exigence du certificat de capture répond aux nouvelles conditions et normes mises en place par l'Union européenne (UE) dans ce domaine pour les pays non membres de l'union. Ce certificat concerne ainsi les trois principales parties, à savoir le producteur, l'exportateur et l'administration de tutelle du secteur de la pêche. Le ministère de la Pêche a indiqué lundi à l'APS que les exportateurs algériens de produits de pêche doivent disposer d'un certificat de capture qui doit accompagner leur marchandise jusqu'à sa livraison. Auparavant, les opérations d'exportation s'effectuaient uniquement sur présentation d'un certificat sanitaire délivré par la direction des services vétérinaires, relevant du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Mais à partir de cette année, l'opérateur doit être muni aussi d'un certificat de capture délivré par les services du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Parmi les raisons évoquées quant à l'instauration de cette mesure, le ministère de la Pêche a cité, entre autres, la conservation et la sauvegarde de la ressource halieutique, la lutte contre la pêche illicite (non réglementée). Entrée en vigueur le 1er janvier 2010, cette disposition vient en application de la nouvelle réglementation européenne de lutte contre la pêche illicite, selon laquelle chaque lot de poisson, y compris transformé, importé par les Etats membres de l'UE doit être accompagné d'un certificat de capture conforme. Elle constitue une arme à double tranchant, selon le syndicat des marins, qui relève que la rude concurrence dans ce domaine a été également à l'origine de la réaction de l'UE. Face cette situation, le ministère de la Pêche a effectué des concertations intersectorielles avec le ministère du Commerce, les garde-côtes et les services des douanes algériennes «pour essayer d'appréhender l'impact juridique et économique de la réglementation européenne». Une commission chargée de la conception et de la mise en oeuvre du dispositif de certification de capture destinée à l'exportation a été mise en place au ministère de la Pêche. Le dispositif en question a été élaboré et conçu et il sera mis en oeuvre incessamment, selon le ministère de la Pêche. Des précisions de taille sont exigées, à savoir l'origine de la cargaison, à l'aide du livret de bord qui contient des informations sur la capture (nom du bateau de pêche, immatriculation et numéro de son propriétaire et nom de l'armateur et la zone où il a pêché). Ce qui signifie que les pêcheurs algériens ne peuvent plus effectuer des exportations comme autrefois, surtout lorsqu'il s'agit d'exporter des qualités interdites à la pêche, telles que le thon rouge. Les statistiques officielles disponibles sur le secteur de la pêche en Algérie donnent le chiffre de 3,4 millions de dollars lors du premier semestre 2009, au titre d'exportations de produits de pêche vers l'UE exemptés de droits de douanes à l'importation. Le syndicat sceptique Cette réglementation est de nature à provoquer des effets négatifs sur le secteur de la pêche en Algérie, selon le président du comité national des marins-pêcheurs et poissonniers, Hocine Bellout. La flotte de pêche algérienne est sous-exploitée à cause d'un surplus de bateaux, fait-il savoir. Il existe, selon notre interlocuteur, 4250 bateaux de pêche tous types confondus, dont la plupart sont acquis par des financements bancaires. Annuellement, l'Algérie produit 400 000 tonnes de poisson, dont presque la moitié est destinée à l'exportation. Le syndicat craint les répercussions de la nouvelle directive européenne sur le secteur de la pêche. «Des pêcheurs sont déjà en situation difficile, pour ne pas de dire de faillite. Avec cette nouvelle exigence, on ignore ces effets. On espère que les autorités publiques soient avec nous et défendent nos intérêts», tient à ajouter le syndicat des marins-pêcheurs. Par ailleurs, les nouvelles normes européennes de pêche ont soulevé la colère des professionnels, notamment marocains, estimant que le calendrier est mal réglé.