C'est dur d'être un handicapé en Algérie. En tout cas, c'est la triste conclusion que nous avons faite, après un entretien avec les membres de l'association L'écho des handicapés de la daïra de Tazmalt. Cette association, qui compte presque une centaine de handicapés, a été créée en août 2009, dans l'optique de prendre à bras-le-corps les problèmes des handicapés de la région et d'apporter un tant soit peu de l'aide aux nécessiteux, qui sont, de l'avis des membres, en nombre grandissant. La vie de tous les jours n'est pas de tout repos pour cette frange de notre société. En plus de leur handicap, ces personnes doivent se démener pour assurer leur pitance. Parmi elles, se trouvent des pères de famille. Messaoudène M'henna, membre de cette association, brosse un tableau des plus sombres de la situation des handicapés dans cette localité. Notre interlocuteur égrène les points relatifs à la pension, la scolarité, l'insertion des handicapés dans le monde du travail, l'accessibilité aux lieux publics, les quelques «privilèges» octroyés par l'Etat, lequel devrait, selon toujours M. Messaoudène, ouvrir des écoles spécialisées pour les handicapés mentaux et des salles de rééducation. Une pension de 3000 DA par mois Battant en brèche la maigre pension mensuelle (3000 DA) que perçoivent les handicapés, il dit qu'elle demeure insuffisante pour faire vivre un seul handicapé, «alors pour nourrir toute une famille…». Il cite beaucoup d'exemples de pères de famille handicapés, qui n'arrivent pas à vivre convenablement, sans l'aide de tierces personnes et de cette association, laquelle leur octroie des couffins de denrées alimentaires, des couches hygiéniques, des fauteuils roulants, etc. La scolarité n'est pas mieux lotie, puisque le problème de la prise en charge de l'accessibilité des handicapés dans les écoles persiste. Ils doivent être portés d'un coin à l'autre pour pouvoir suivre leur scolarité. L'accès au travail reste un véritable défi pour ces damnés de la terre. Il est toujours difficile pour un handicapé d'occuper un poste d'emploi. Toutefois, «L'écho des handicapés tente toujours de trouver du travail pour les handicapés», nous dit M. Messaoudène, qui déplore dans la foulée le fait que le handicapé qui touche la pension de 3000 DA n'ouvre pas droit au filet social (IAIG, ESIL, etc.). Il doit par conséquent choisir l'un d'entre eux. Les lieux publics inaccessibles pour les handicapés L'accessibilité aux lieux publics est un point crucial aussi, en ce sens que nos institutions sont dépourvues des voies d'accès réservées à ces personnes, qui en ont grandement besoin. Dans la liste, il y a les agences postales, comme les banques, les écoles, les hôpitaux, etc. Pour notre part, nous avons remarqué que seul le siège de l'APC d'Aït R'zine possède un accès pour les handicapés. Les «privilèges» octroyés par l'Etat sont, de l'avis des membres de cette association, «insuffisants». Cependant, concernant la gratuité du transport par voie ferroviaire, les handicapés, qui voyageaient avant septembre 2009 gratuitement avec leurs cartes de handicapé, sont contraints depuis la date précitée de se déplacer jusqu'à la DAS (direction de l'action sociale) pour se prémunir d'un bon de voyage, comportant la date d'aller et celle du retour, en somme un simple aller-retour. «Ce qui est dissuasif à plus d'un titre pour nous, les handicapés», nous dit Ouchiha Mohamed, membre de la même association, qui insiste sur le fait que cette frange continue à être «méprisée» et demeure toujours incomprise. Le local dans lequel se trouve cette association est trop exigu, d'après notre constat. Ses membres souhaitent que les pouvoirs publics les aident afin de réaliser un centre pour les trisomiques (mongoliens) et les handicapés mentaux et une salle de rééducation. Dans la haute vallée de la Soummam, il n'existe aucune salle de rééducation publique. Celles qui sont fonctionnelles sont privées. Une séance coûte 400 DA, ce qui n'est pas dans les cordes des handicapés.