Al Qaïda au Maghreb Islamique place la barre très haut, conditionnant la libération des deux otages espagnols encore en sa possession par le versement d'une rançon de 5 millions de dollars, en plus de la remise en liberté de ses éléments emprisonnés en Mauritanie. Les autorités espagnoles seraient prêtes à débourser à l'Aqmi la somme de 5 millions de dollars en contrepartie de la libération des deux humanitaires espagnols détenus au nord du Mali, révèle le très sérieux quotidien madrilène El Mundo. Plus précis, le journal a affirmé dans son édition d'hier que le gouvernement Zapatero aurait versé 2 millions de dollars pour la libération de Mme Alicia Gamez, l'humanitaire relâchée mercredi. Cette dernière transaction, démentie par Madrid, a été passée sous silence par les ravisseurs qui l'ont maquillée en geste de bonne volonté, «une initiative positive» selon l'Aqmi qui exige en retour une réponse favorable de l'Espagne à ses demandes «légitimes». Autrement dit, que l'Espagne et, pourquoi pas, l'Italie, accentue les pressions sur la Mauritanie pour la contraindre à libérer les dangereux activistes qu'elle détient dans ses prisons. En fait, c'est le résultat politique auquel entend arriver l'organisation terroriste qui a déjà «expérimenté» ce procédé contre le Mali avec la bénédiction de la France de Sarkozy, lors des tractations sur la libération de l'humanitaire français Pierre Camatte. La brèche étant ouverte, qui est plus par un pays se disant concerné au plus haut point par la croisade antiterroriste, faisant qu'il inscrive quantité de pays sur ses listes noires, dont l'amicale contrée du sieur Amadou Toumani Touré et, bien entendu, la frondeuse Algérie, qui peut bien dissuader l'Espagne de ne pas s'y engouffrer, semble se dire l'Aqmi ? Certes, il y a ce refus catégorique des autorités de Nouakchott de prendre langue avec les terroristes islamistes qui pose problème, et la difficulté pour les payeurs de rançons d'afficher au grand jour leurs intentions de négocier avec les terroristes. Mais il n'est pas dit que Madrid et Rome vont demeurer les bras croisés, conscients que leur inaction peut être fatale aux otages. Sachant par ailleurs le peu de considération qu'affichent les «démocraties» européennes à la souveraineté d'un Etat africain de la dimension de la Mauritanie, et la détermination affichée avec ostentation par les gouvernements italien et espagnol à tenter l'impossible pour un dénouement heureux de l'affaire des otages, il n'est pas exclu que Nouakchott fasse désormais l'objet des pires chantages pour satisfaire la demande de deux gouvernements. L'issue négociée évoquée par l'Espagne et l'Italie pour la libération de leurs ressortissants otages d'Al Qaïda pourrait passer par un nouvel allié, inattendu celui-là : le Burkina Faso de Blaise Campaoré qui se propose de jouer un rôle d'intermédiation pour la libération des otages italiens, dont Philomène Kaboré, l'épouse Cicala, qui jouit de la double nationalité italienne et burkinabé. Alicia Gamez a transité par ce pays après sa libération du nord du Mali, est-il besoin de le rappeler, ce qui sous-entend que le Burkina Faso aurait joué un rôle actif dans les tractations avec Al Qaïda, certainement à l'instigation de la France qui demeure l'un des principaux soutiens du régime en place à Ouagadougou. Le satisfecit exprimé avec béatitude par l'envoyée spéciale du gouvernement italien qui a rencontré le président Campaoré en dit long sur la stratégie mise en place par la France, l'Italie et l'Espagne de parvenir à leurs fins… grâce à l'appui sans faille de leurs sous-traitants africains.