La Justice française vient d'asséner un sérieux revers au président du Front national, Jean-Marie Le Pen. Le tribunal de grande instance de Marseille a en effet ordonné vendredi le retrait des affiches électorales intitulées «Non à l'islamisme» de la campagne du président du FN et tête de liste dans la région Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur). Tout retard dans l'application de cette décision, en vigueur à partir de demain, sera pénalisé d'une amende de 500 euros par jour. Le tribunal de grande instance de Marseille a estimé que ces affiches électorales établies par le parti d'extrême-droite de Jean-Marie le Pen constituent un trouble manifestement illicite. Ces pancartes en question largement diffusées par le mouvement de jeunes du Front national représentent une femme intégralement voilée en noir à côté d'une carte de France recouverte du drapeau algérien et sur laquelle se dressent des minarets en forme de missile. Rien qu'à leur description, l'on comprend vite qu'il s'agit ni plus ni moins d'une provocation de nature indécente de la part du président d'une formation politique connu du reste pour ses propos provocateurs, voire choquants lorsque ses remarques énoncées publiquement sont racistes. La réaction des autorités algériennes par rapport à cet énième dérapage de Jean-Marie Le Pen ne s'est pas fait attendre. Alger a en effet protesté auprès de l'Etat français par le biais de notre ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci qui a dénoncé l'utilisation de manière extrêmement choquante de l'emblème national dans une campagne électorale pour des élections régionales en France. «Nous avons protesté officiellement et c'est à l'Etat français de prendre les dispositions qui s'imposent lorsque des symboles de pays étrangers sont mis à genoux», a fait savoir tout récemment le chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci. Désavouant le leader du Front national tout en qualifiant les protestations officielles de l'Algérie de légitimes, le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a déclaré que l'Elysée «déplore avec force l'usage indigne et dégradant d'un drapeau étranger (ndlr : l'emblème algérien) à des fins électoralistes». Vives condamnations en France et en Algérie La décision du tribunal de grande instance de Marseille applicable à partir de demain est qualifié de première par Me Khaled Lebseur, avocat mandaté par nombre de d'associations qui se sont montré déterminées à poursuivre leur action en justice pour interdire l'affiche jugée «haineuse et raciste» du Front national. «Le combat se poursuit. Le TGI de Marseille vient d'interdire cette affiche. Dès lundi, le parti de l'extrême-droite FN, devra verser une astreinte de 500 euros par jour de retard. Cette ordonnance est déjà une première victoire, en attendant l'examen de l'appel que nous déposerons, dès lundi, contre la décision du tribunal de Nanterre», a déclaré le même avocat repris hier par l'APS. En France, plus de 100 personnalités de divers horizons ont lancé un appel pour dire «non à l'affiche raciste du Front national» et «dénoncer ce parti qui, sous couvert de campagne électorale, utilise des méthodes de propagande qui rappellent les heures les plus noires de l'histoire». «Quelle serait la prochaine étape que franchiront ceux qui au nom d'une vision passéiste et étriquée de la France attisent le feu du racisme et de la haine antimusulmane en général, et la stigmatisation des populations d'origine algérienne en particulier, et ce, au prétexte de la lutte contre l'extrémisme religieux ?», se sont interrogés les signataires. En Algérie, et en sus de la protestation des autorités via le ministère des Affaires étrangères, des partis politiques tels que le FLN, le FNA et le PT ont aussi condamné cette affiche scandaleuse du parti de l'extrême-droite. Celle-ci finira-t-elle par être retirée. Affaire à suivre…