Les autorités algériennes ont fait part hier (lundi ndlr) de leurs protestations légitimes quant à l'usage extrêmement choquant qui est fait du drapeau algérien. Nous déplorons avec force l'usage indigne et dégradant d'un drapeau national à des fins électoralistes. » Telle est la réponse du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, qui était interrogé au point de presse électronique de la journée d'hier sur la réaction du Quai d'Orsay à la protestation officielle de l'Algérie « contre le recours par le Front national d'une affiche utilisant les symboles algériens dans le cadre de sa campagne pour les élections régionales françaises ». Paris De notre correspondante Le porte-parole du Quai d'Orsay a auparavant indiqué que « saisi par la Licra, le tribunal de grande instance de Marseille s'est en effet prononcé hier (lundi, ndlr). Il ne nous appartient évidemment pas de commenter cette décision de justice ». Le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, a confirmé lundi la protestation « officielle » de l'Algérie auprès de l'Etat français. « Nous avons protesté officiellement et c'est à l'Etat français de prendre les dispositions qui s'imposent lorsque des symboles de pays étrangers sont mis à genoux », a déclaré M. Medelci en marge de la cérémonie présidée par le président Bouteflika, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Sur la suite qui sera donnée à la demande de l'Algérie, le porte-parole du Quai d'Orsay n'en a pas dit un mot. Ou alors le Quai d'Orsay estime-t-il que la déclaration de son porte-parole est suffisante ? Le parti d'extrême droite de Jean-Marie Le Pen a franchi, dans les amalgames, l'insulte et le dénigrement de l'immigration algérienne et des Français d'origine algérienne, un seuil inacceptable en portant atteinte aux symboles d'un Etat souverain, l'Algérie. Pour aller à la chasse aux électeurs, un parti politique peut-il en toute impunité s'autoriser à utiliser tous les moyens, y compris à violer les règles qui régissent les relations entre pays, à bafouer et fouler aux pieds les fondements de souveraineté d'un Etat étranger ? Serait-ce la crainte de se voir réduit à sa plus simple expression qui pousse le Front national et son président, à faire feu de tout bois, à recourir à tous les expédients ? L'affiche des jeunes du Front national pour la campagne aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur, région où Jean-Marie Le Pen est candidat, représente une femme en niqab noir devant une carte de France recouverte d'un drapeau algérien et d'une demi-douzaine de minarets, le tout surmonté de l'inscription « Non à l'islamisme ». Il est à rappeler que deux plaintes en référé pour le retrait de cette affiche ont été déposées auprès de la justice, l'une à Marseille par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et l'autre à Nanterre par le MRAP, avec le soutien de l'Espace franco-algérien et d'autres associations. Si la Licra a été déboutée par le tribunal de grande instance de Marseille c'est pour une question de domiciliation. La Licra ne s'est pas fait domicilier à Marseille. Le TGI de Nanterre, qui a instruit sur le fond lundi la requête du MRAP (El Watan de mardi 9 mars 2010) a mis sa décision en délibéré à vendredi à venir. Une action pénale a par ailleurs été engagée à l'encontre de Jean-Marie Le Pen par SOS Racisme et Mohamed Sifaoui, journaliste, écrivain et militant antiraciste. Le président du Front national devra comparaître pour une première audience devant le tribunal correctionnel de Paris le 6 mai 2010.