Divergence n Au moment où le tribunal de grande instance de Marseille ordonne le retrait de ces affiches «antimusulmanes», celui de Nanterre a rejeté une plainte pour leur interdiction. La justice française s'est prononcée diversement, vendredi, face aux plaintes déposées par les différentes associations pour le retrait de ces affiches qui portent atteinte à la communauté musulmane de France, mais aussi à l'Etat algérien. Ces affiches représentent une femme intégralement voilée, à côté d'une carte de France recouverte du drapeau algérien, sur laquelle se dressent des minarets en forme de missiles, avec en titre «Non à l'islamisme». Le tribunal de grande instance de Marseille (sud-est) a estimé que «cette affiche provocatrice est constitutive d'un trouble manifestement illicite et de nature à provoquer un sentiment de rejet et d'animosité à l'encontre d'un groupe de personnes dont sont visées les pratiques religieuses, les femmes et la nationalité». Dans son ordonnance, le tribunal condamne le FN et son leader, Jean-Marie Le Pen, «à faire procéder à son retrait de tous les supports sur lesquels elle a été placée, de quelque nature qu'ils soient, dans un délai de 24 heures (...) puis sous astreinte de 500 euros par jour de retard». Cependant, le tribunal de grande instance de Nanterre a rejeté une plainte introduite en référé par des associations musulmanes pour l'interdiction de l'affiche du Front national. L'avocat des ces associations a décidé de faire appel, après le rejet hier, vendredi, de cette requête. Le magistrat du tribunal de grande instance de Nanterre a invoqué un problème de domiciliation pour déclarer la plainte irrecevable. «Cette décision est scandaleuse. Le juge a considéré que le MRAP, l'un des plaignants, n'a pas élu domicile à Nanterre, mais à Neuilly-sur-Seine, qui se situe pourtant dans le même département dont relève la juridiction du tribunal», a indiqué, Me Khaled Lasbeur, qui a également annoncé qu'il ferait appel contre cette décision. De son côté, Mouloud Aouinit, le président du MRAP, s'est dit «consterné par cette décision incompréhensible et dangereuse». «Pour une raison de forme et un prétendu problème de domiciliation, on légitime la violence d'une affiche haineuse stigmatisant une nation, un peuple, une communauté établie en France et un drapeau», a ajouté M. Aouinit. Pour rappel, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a affirmé, lundi dernier, que l'Algérie a protesté «officiellement» auprès de l'Etat français au sujet de cette affiche. Il avait demandé «à l'Etat français de prendre les dispositions qui s'imposent lorsque des symboles de pays étrangers sont mis à genoux».