Après des décennies de désespoir qui ont provoqué les émeutes de l'automne dernier, 512 familles de la cité Diar Echems à El Madania ont été relogées hier dans des appartements flambant neufs dans la commune de Tixeraine, alors que 1200 autres familles attendent toujours. Hier matin, les agents communaux d'El Madania ont commencé à raser les bidonvilles de la cité Diar Echems dont les habitants ont été relogés tôt dans la matinée dans des appartements flambant neufs à Tixeraine, dans la commune de Birkhadem. Après que les habitants aient déserté les lieux, les services de la commune sont entrés en action dès la première heure de la journée d'hier pour démolir les baraques de fortune que les riverains de la cité Diar Echems avaient installées dans les années précédentes afin de fuir l'exiguïté dans laquelle ils se trouvaient depuis l'indépendance. La veille, dans la nuit de samedi à dimanche, 212 familles habitant ces bidonvilles ont été relogées dans des conditions décentes et «dignes de l'Algérie indépendante» comme le fera remarquer un élu local présent sur les lieux. Aujourd'hui, 300 autres familles habitant des F1 dans les trois bâtiments surplombant ces bidonvilles, vont les rejoindre. Arrivés sur place hier, nous avons pu rencontrer les responsables du quartier qui étaient très contents, mais n'ont pas omis de nous signaler que de nombreux habitants de Diar Echems restent toujours dans la précarité. «Ce n'est pas tout le monde qui a été relogé», nous dit-on, expliquant que les bâtiments de la discorde ont été à l'origine du soulèvement de l'automne dernier. «300 familles seulement ont bénéficié de nouveaux logements, les 1200 autres qui resteront ici continueront à broyer du noir», nous a déclaré Amar, ajoutant que «Diar Echems ne mourra jamais», pour signifier que le problème de cette cité persistera toujours. Parmi les locataires de fortune qui attendent toujours l'heure de la délivrance, on trouve Djelloul qui, dans les années précédentes, a cru régler son problème avec l'achat d'un appartement à Bab Ezzouar. Mais ce logement était en litige et Djelloul et sa famille se sont retrouvés sous une tente espérant bénéficier comme leurs voisins d'un appartement. La chose ne s'est pas réalisée, et Djelloul et sa famille sont restés sous leur tente à attendre des jours meilleurs. Les membres du comité de quartier non bénéficiaires étaient désabusés. Ils nous ont signifié que «si le fait de construire des bidonvilles nous permet de bénéficier de logements dans les années à venir, on le fera puisque l'Etat a décidé de reloger les occupants des bidonvilles, y compris les arrivistes qui n'ont rien à voir avec les vrais habitants de Diar Echems qui sont là depuis l'indépendance». Pour les non bénéficiaires, c'est la désillusion totale. Pour eux, ce n'est pas la première fois qu'ils passent à côté d'un relogement puisqu'il était prévu qu'ils bénéficient d'appartements il y a de cela dix ans. Mais les victimes des inondations de Bab El Oued en 2001 puis celles du séisme de 2003 ont eu la priorité. «Nous espérions que cette année serait la bonne mais voila que le rituel se répète encore une fois», nous ont-ils signifié.