Quinze familles sont encore dans leurs appartements à Diar Echems, qui ne veulent quitter les lieux qu'en contrepartie d'un logement plus décent. Les autorités semblent ne pas avoir pris en compte le nombre de personnes occupant chaque appartement à Diar Echems. «Si je pars d'ici, c'est pour avoir plus d'espace et non pour me retrouver une seconde fois dans l'exigüité», explique Ahmed, membre du comité de quartier. Pour lui, il est impensable que l'on reloge 14 personnes qui vivaient dans un F1 dans un autre de 3 pièces. «C'est du pareil au même», dit-il». «Les autorités continuent à faire dans le bricolage», explique-t-il, relatant plusieurs disputes entre membres d'une même famille lors de l'opération de relogement. On nous explique que «toute la fratrie est venue pour prendre sa part, et comme les propriétaires sont pour la plupart décédés, ce sont les héritiers qui vont bénéficier des nouveaux logements. Mais au nom de qui va-t-on attribuer ces logements ?» Faire un partage juste et équitable est impossible, en particulier chez les familles nombreuses où tous les enfants mâles sont mariés. Azzedine Megrouz est une double victime : il est handicapé moteur et ses frères l'ont délaissé. «Je suis né ici et je reste jusqu'à ce qu'on me donne un logement, je suis handicapé et j'ai fait une demande de logement en 1985. Mais, à ce jour, je ne vois rien venir», nous indique cet homme de 50 ans. «Je suis victime d'un accident de la circulation et je ne perçois aucune indemnité pour mon handicap. Pis encore, depuis 25 ans, j'habite au 4e étage, donc vous imaginez les difficultés que je trouve pour me déplacer. Le comble dans tout cela, c'est que les autorités m'ont refusé même l'installation d'une boutique où je peux travailler». Azzedine est marié, sans enfants, il a même un brevet d'invention d'un mécanisme adapté sur véhicules léger pour handicapés. Un autre cas, un autre problème. Mohamed est orphelin, il vivait avec son oncle dans un appartement à Diar Echems. Les deux occupants du logement l'ont hérité des grands- parents. L'opération de relogement n'a cependant bénéficié qu'à son oncle. Et ce dernier refuse de le prendre avec lui. Des problèmes de ce genre ont généré de violentes disputes qui ont même causé de graves blessures aux antagonistes. Les quinze familles restent donc sur les lieux et décident de résister malgré la menace des autorités. «Le logement ou la tombe», a conclu Azzedine. Diar Echems méconnaissable Les ouvriers de la mairie d'El Madania sont à pied d'œuvre ; ils brisent tout ce qu'ils trouvent sur leur chemin. «Nous avons un délai ferme pour tout détruire sinon d'autres personnes vont squatter», nous dit le chef de chantier. Nous avons tenté de rencontrer des bénéficiaires du relogement, en vain. «Ils ne reviendront plus jamais ici, ils ont trop souffert», a commenté un voisin de la cité. Un responsable communal a indiqué aussi que «le maire a demandé un renfort des forces de l'ordre pour une surveillance du site jusqu'à la fermeture en blindé des différents accès des bâtiments. Cela pour éviter toute tentative de squat des logements ; d'ailleurs tout a été détruit par nos agent». Sur le devenir de ce quartier, le responsable s'est limité à dire que «l'Etat a besoin de cet espace pour une exploitation bénéfique et rentable du site». En attendant de trouver une solution aux quinze familles qui restent sur les lieux, car d'après ce responsable de la mairie d'El Madania «elles seront peut-être relogées d'ici peu mais cela est du ressort du wali d'Alger, nous ne pouvons démolir toute la bâtisse, les bénéficiaires peuvent désormais vivre dignement», a-t-il conclu.