La décision d'imposer aux transformateurs de céréales de s'approvisionner en blé dur exclusivement auprès de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) avant le 1er juin, sous peine de se voir exclure de la liste des clients, est contestée par le Forum des chefs d'entreprises (FCE). Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le FCE apporte des explications en indiquant qu'«en ce qui concerne les approvisionnements des moulins, l'OAIC a effectivement été de tout temps le premier organisme à prendre en charge les besoins en matières premières, sans pour autant les assurer à hauteur des capacités installées». Les moulins sont souvent contraints de fonctionner au-dessous de leurs capacités initiales, signale-t-il. «Les demandes n'étaient satisfaites que dans une proportion avoisinant les 40% des capacités des moulins», précise le forum, poursuivant que cette situation de sous-approvisionnement a toujours été portée à la connaissance des institutions concernées. Face à une demande en constante évolution et pour combler le déficit, les transformateurs ont dû recourir à l'importation de céréales. «Les effets positifs immédiats» de cette démarche ont été vite répercutés sur la sphère commerciale dans la mesure où elle a permis une meilleure gestion de l'appareil de production par un cycle de rotation à plein régime tel qu'exigé par la technologie. Selon le FCE, la qualité des matières premières, qui reste l'élément prédominant dans l'obtention de produits finis aux normes et répondant aux exigences du consommateur, a connu également d'énormes perturbations du fait que «les unités de meunerie se trouvaient contraintes d'accepter sans discuter les blés qui leur étaient rétrocédés par l'OAIC». Ces approvisionnements enregistraient cependant des niveaux qualitatifs irréguliers d'année en année. Cette irrégularité en qualité a eu des répercussions sur le produit fini, lequel ne «répondait plus au goût du consommateur algérien». Ainsi, «agir a contrario de cet objectif de qualité ne peut pas être assimilé à notre sens à un manque de civisme ou à une absence de solidarité, encore moins à un manque de patriotisme de la part des meuniers», répond le FCE aux récentes déclarations du ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, qui a assimilé l'arrêt des importations de blé dur à un geste de «nationalisme». De l'avis du forum, «ce credo de la qualité qui les anime leur a permis de se placer sur des marchés internationaux aux normes très contraignantes». Le FCE a tenu à rappeler que «grâce à l'apport des meuniers, le marché s'est régulé aussi bien en termes de prix, de qualité et de quantité. Cependant, l'absence de concertation entre l'OAIC et les transformateurs n'a pas permis d'apporter au moment opportun les solutions adéquates notamment au problème de stockage. Car c'est «l'absence de capacités de stockage de l'OAIC qui justifierait l'ultimatum adressé aux transformateurs». Si par le passé l'OAIC avait honoré les quantités demandées par les meuniers, cela lui aurait évité de se retrouver aujourd'hui dans cette conjoncture. Cela étant, «les transformateurs réaffirment leur volonté de dialogue et de coopération avec l'OAIC dans le cadre du respect d'une charte qui reste à élaborer et à laquelle toutes les parties concernées devront adhérer», conclut le FCE.