Le gouvernement algérien a institué une taxe sur les importations privées de blé dur. Cette disposition est contenue dans la loi de finances complémentaire 2010. C'est ce qu'a révélé Nouredine Kahal, directeur général de l'Office interprofessionnel algérien des céréales (OAIC), organisme d'Etat sous tutelle du ministère de l'Agriculture. « Certains transformateurs de blé dur et importateurs ont investi ce créneau porteur malgré une situation intérieure couverte. Cette nouvelle taxation, prise par beaucoup de pays dans le monde, vise à protéger la production nationale et à favoriser la dynamique instaurée au niveau de cette filière », a expliqué M. Kahal, jeudi dernier, lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale. La taxe ne s'appliquera pas aux céréales importées par l'OAIC, qui représentent généralement entre 60 et 75% des importations totales. Ce responsable n'a précisé ni le niveau de la taxe ni les modalités de son application. Actuellement, les cours du blé dur sur le marché extérieur sont de 300 dollars la tonne alors qu'ils atteignent 350 dollars sur le marché national, selon M. Kahal. Le gouvernement veut en finir avec cette situation. « Le but de cette mesure est d'aligner tout produit céréalier importé sur le marché de la production nationale », ajoute-t-il, en précisant que cette taxe tend, par conséquence, à limiter au maximum des importations des céréales. Le gouvernement espère ramener la facture d'importation de céréales à moins d'un milliard de dollars en 2010 contre 1,2 milliard en 2009, selon les estimations de M. Kahal. Force est de constater que cette disposition intervient quelques mois après le bras de fer engagé entre quelques transformateurs et l'OAIC. Au 1er trimestre 2010, les prix des céréales sur le marché international avaient chuté à leur plus bas niveau. La tonne de blé dur était passée, début 2010, à 250 dollars sur les marchés mondiaux alors qu'elle était à plus de 1000 dollars en 2009. Certains importateurs et transformateurs avaient saisi cette aubaine en s'adonnant à des achats massifs. En mars dernier, les meuniers et les transformateurs, regroupés au sein du Forum des chefs d'entreprises (FCE), étaient montés au créneau, reprochant à l'OIAC de s'adonner à un approvisionnement partiel de ses clients. D'autres meuniers évoquaient la mauvaise qualité de blé distribué en quotas. Suite à la défection de certains transformateurs, les ventes de l'OAIC sont passées de 1,7 million de quintaux par mois à moins de 600 000 q depuis octobre 2009. En réaction, cet organisme avait sommé les transformateurs de céréales de s'approvisionner en blé dur exclusivement auprès de ses sites, avant le 1er juin dernier, sous peine d'être exclus des avantages de cet organisme régulateur en cas d'un renchérissement des prix sur le marché. Depuis, tout est rentré dans l'ordre. L'invité de la radio a avancé le chiffre de 137 unités de transformation de blé dur, sur un total de 147 industriels-clients, qui ont repris leurs enlèvements de blé dur auprès de l'OAIC. Ce responsable a tenu à rassurer les transformateurs de blé dur en affirmant que cette mesure ne va pas remettre en cause les relations commerciales établies avec l'OAIC.