La branche de céréaliculture connaît actuellement une situation de tension, notamment suite aux décisions prises par les pouvoirs publics quant aux conditions d'achat du blé dur sur le marché international. Les meuniers et les transformateurs regroupés au sein du Forum des chefs d'entreprises (FCE) se disent inquiets et demandent à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) de respecter les normes de qualité exigées par les consommateurs. C'est au cours d'une conférence de presse animée, jeudi, au siège du Forum des chefs d'entreprises (FCE), que les professionnels de la filière s'expriment publiquement sur les décisions prises par l'Etat de réduire les importations. Le président du forum, Reda Hamiani, se dit solidaire avec la politique agricole et de la démarche de gestion de la filière céréaliculture tracée par les responsables des institutions publiques. Mais il a appelé à la concertation avec les acteurs, dont les meuniers et les transformateurs, pour asseoir une meilleure organisation et œuvrer à la prise en charge des problèmes de la filière. Le président du FCE a annoncé la reconfiguration du comité interprofessionnel des céréalicultures, qui comptera en son sein des représentants de l'OAIC, des Eriad et des meuniers, ainsi que des transformateurs. Le comité a été créé en 2002, mais sa composition n'est pas aussi élargie. «Il y a nécessité de revoir les mécanismes de développement de la filière et de renégocier la position, ainsi que les intérêts de la profession. Nous avons expliqué qu'il y a trois raisons à prendre en considération, à savoir la qualité, les quantités et le modèle de consommation», a tenu à signaler M. Hamiani au sujet de la réunion organisée avec le ministère de l'Agriculture, une rencontre qui a été provoquée par les services du département de Rachid Benaïssa. L'OAIC a demandé aux transformateurs de céréales de s'approvisionner en blé dur exclusivement auprès de ses sites, avant le 1er juin, sous peine de se voir exclus des avantages de cet organisme régulateur en cas d'un renchérissement des prix sur le marché. L'organisme public dispose d'un surstock de production de blé dur estimé à 5,7 millions de quintaux qu'il doit écouler avant la prochaine récolte céréalière qui s'annonce, selon les responsables du secteur, «bonne». Ceci au moment où des meuniers et transformateurs privés continuent d'importer des quantités de blé du marché français, réputé pour la bonne qualité de son produit et actuellement vendu à un prix abordable et moins cher que celui de l'OAIC, 250 dollars (environ 18 000 DA/t), alors que le blé local est cédé à 22 000 DA/t. Un approvisionnement partiel Pour le président du FCE, les approvisionnements assurés par l'OAIC sont à hauteur de 40% des besoins des opérateurs privés, ce qui oblige ces derniers à faire appel à des fournisseurs étrangers. «En fait, le recours au marché international a été le résultat de la politique des autorités. Si les meuniers étaient suffisamment approvisionnés par l'OAIC et en qualité souhaitée, il n'y aurait pas cette importation», a tenu à expliquer le président du FCE, soulignant au passage que les capacités de production sont deux fois supérieures aux besoins du pays. Ce qui a conduit à des exportations de produits algériens vers de marchés autrefois inaccessibles. Seulement, les exportations des pâtes alimentaires ont été interdites par le gouvernement, étant donné le système de subvention mis en place par l'Etat devait profiter d'abord au marché local. Les acteurs de la branche, à l'instar de Hocine Mansour Metidji, président du groupe industriel Metidji de Mostaganem, et Mohamed Laïd Benamor, directeur du groupe Benamor, ont tenu de leur côté à faire part de la «mauvaise qualité» du blé dur de l'OAIC. Faute de moyens et d'équipements nécessaires, il n'est pas nettoyé. «Il n'est pas question de bouder le produit national, mais il faut dire que nous avons habitué notre consommateur à la bonne qualité issue de l'exploitation du blé importé», a fait savoir le patron du groupe Benamor. Pour sa part, Hocine Metidji a affirmé «ne pas comprendre la note de l'OAIC qui a assimilé les opérateurs qui importent du blé à des antipatriotiques». Et d'ajouter : «Nous avons investi des millions de dollars pour disposer des installations aux normes internationales et des produits de qualité. Des professionnels ont recruté plus de 300 personnes et ont entamé l'exportation de leurs productions. Aujourd'hui, on demande de faire des produits de qualité moindre. C'est injuste». Le système de contrôle qualité des marchandises instauré par les autorités est également décrié, en ce sens que les opérations de vérification s'effectuent à l'arrivée des navires aux ports algériens, et non pas à l'embarquement, d'où les risques de refoulement. En dépit de ces contraintes, les acteurs de la filière restent mobilisés à travailler avec l'OAIC pour trouver les solutions adéquates à même de ne pas perturber l'activité. L'installation du comité devra intervenir, selon les membres du FCE, dans les prochains jours.