Entre le discours mortellement moralisateur, les appels à dresser des échafauds et les " analyses " périmées, le regard porté sur la prostitution et les prostituées fait du sur place. Il aurait pu ne pas y avoir de regard du tout, puisque le commerce de charme, officiellement, n'existe pas ! N'étant soumis ni à des conditions d'exercice, ni à des règles de contrôle, ni aux déclarations d'usage, le métier, si on peut parler de métier dans ce cas est pourtant bien là. Interdit mais souvent toléré, " géré " selon les circonstances, selon les régions et parfois selon ceux qui en tirent profit, la prostitution est un plaisir honteux pour le " client " qui y recourent, un emploi périlleux pour les femmes qui la pratiquent et un fléau par oukase pour les services de sécurité qui le répriment. Tout le monde a en mémoire la bonne femme brûlée vive dans le quartier de Béni Thour à Ouargla par les gardiens du temple de la morale. Plus fraiche encore est l'agression innommable d'une dizaine de femmes à Hassi Messaoud qui en gardent encore des blessures indélébiles. Puisque la prostitution est interdite mais se pratique quand même, des âmes érigées en défenseur de la vertu se sont cru en droit de " sauver l'honneur " de la famille, de la tribu, du quartier ou de la ville. Et dans le cas précis, l'affront a toujours été lavé dans le sang. Voilà pour les gardiens du temple. Voyons avec les " sociologues " à la petite semaine. La réplique est surannée mais faute de mieux, elle est sur beaucoup de bouche, y compris chez ceux qui son tenus à un effort de réflexion : c'est la misère qui pousse ces pauvres femmes à vendre leur corps. Du coup, elles ne mériteraient donc que commisération. De liberté, de protection et de souci d'organiser leur activité, il n'en sera jamais question. Jusqu'au jour où elles se font ramasser dans une descente de police intempestive, se font vitrioler dans un quartier sordide ou se font égorger par un petit proxo cupide et lâche. Il y a enfin ce que tout le monde ne sait pas forcément, mais que tout le monde dit quand même. La prostitution prospérerait là où ceux qui y veillent sont intouchables. Les villas cossus ne supportent pas les descentes impromptues et déjà que la prostitution n'existe que par oukase, on ne va quand même pas la chercher là où les gens en sont solidement prémunis. Aux endroits plus " naturellement " suspects, on réprime quand on veut ou quand on peut les " déviances " d'une pratique… illégale ! Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir