Les deux syndicats des praticiens de santé publique (généralistes et spécialistes) ont décidé de reprendre le travail à partir d'aujourd'hui, à l'issue de conseils nationaux qu'ils ont tenus jeudi et vendredi à Alger. Mais des actions de protestation sont maintenues, dont le premier rassemblement national est d'ores et déjà fixé au samedi 3 avril au CHU Mustapha Pacha. La décision de reprise du travail par les praticiens de la santé a été annoncée à la presse hier lors de la conférence de presse conjointe tenue par les Dr Lyes Merabet et Mohamed Yousfi, respectivement président du SNPSP et SNPSSP. Après 4 mois de grève, les deux conseils nationaux se sont réunis ce week-end pour se concerter à propos de leur mouvement de protestation des médecins du secteur public. La reprise a été décidée suite à un vote à bulletin secret de l'ensemble des membres des deux formations syndicales. Ces deux conseils ont vu la participation de 37 wilayas dont la majorité a voté pour une reprise. Les deux syndicats ont par ailleurs réagi aux mesures annoncées par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière consistant à sanctionner les médecins en grève. Les deux formations ont décidé de geler la grève «mais avec la possibilité de reprise de la protestation à n'importe quel moment». Défendre le droit de grève Les deux présidents ont décidé le boycott du ministère de la santé en précisant que tant que leurs revendications socioprofessionnelles ne sont pas prises en charge, il n'y aura ni contact ni réunion, si ce n'est pour entamer un vrai dialogue. Le Dr Yousfi a indiqué que «Ouyahia et Barkat ne sont pas éternels et ils ne laisseront pas beaucoup de choses utiles pour ce pays». Il a ajouté que «le ministre de la santé se prend pour un gladiateur, on le défie même s'il veut radier tous les praticiens. Qu'il gère d'abord correctement son secteur avant de parler comme il le fait. Sinon, il n'a qu'à démissionner carrément». Des rassemblements nationaux dont le premier pour le 3 avril à l'hôpital Mustapha sont prévus. Les deux syndicats annoncent également «la saisie et le dépôt de plainte au niveau des organisations internationales pour la ligue des droits de l'homme et de la liberté syndicale et pour dénoncer et défendre le droit de grève». De même qu'ils vont prendre des mesures symboliques comme «le port avec fierté d'un brassard noir à partir d'aujourd'hui par tous les praticiens». La reprise du travail des praticiens, expliquent les deux syndicats, a été décidée à cause des menaces proférées par le ministre de la santé qui a donné instruction aux établissements hospitaliers d'opérer des retenues sur salaire pour l'ensemble des journées de grève et de révoquer de la Fonction publique tous les praticiens qui ne rejoignent pas leur poste de travail. Les directions de santé publique ont envoyé jeudi dernier la première mise en demeure aux praticiens qui n'ont pas répondu à l'appel du ministre. Selon la décision n°10 du ministère de la santé, une deuxième mise en demeure sera envoyée aux médecins. Ces derniers risquent d'être écartés de la Fonction publique s'ils campent sur leurs positions. Les présidents des deux syndicats ont décidé, par ailleurs, de prendre attache avec d'autres syndicats autonomes, particulièrement ceux de l'éducation pour discuter sur l'importance du respect du droit de grève par les pouvoirs publics.