Les deux syndicats ont décidé de surseoir au rassemblement hebdomadaire devant la présidence de la République, mais la grève se poursuit toujours. Les médecins ne décolèrent pas. La rencontre, la semaine dernière, entre les deux syndicats de la santé, le SNPSP (médecins généralistes) et le SNPSSP (médecins spécialistes), et Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président Bouteflika, n'a pas suffi pour convaincre les grévistes de reprendre le travail. Les deux syndicats ont, certes, décidé, ensemble, de surseoir au rassemblement hebdomadaire devant la présidence de la République. Mais la grève illimitée se poursuit toujours, avec un taux de suivi dépassant les 70%, selon les syndicats. « La grève se poursuit normalement tout en assurant le service minimum. Les médecins demeurent ainsi mobilisés », souligne Lyès Merabet, premier responsable du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), joint hier par téléphone. « La grève continuera tant qu'il n'y aura pas d'actions concrètes », prévient-il, affirmant qu'il était convenu, après la rencontre avec M. Belkhadem, d'organiser une réunion de conciliation avec le ministère. « Cette réunion n'a toujours pas eu lieu pour des considérations que nous ignorons », dit-il. Même constat établi par Mohamed Yousfi, responsable du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), qui insiste sur la « détermination » des grévistes à aller jusqu'au bout de leurs revendications. « Tant qu'il n'y aura pas du palpable, nous continuerons notre mouvement de protestation », martèle-t-il. Les deux syndicats disent avoir pris acte des « assurances » faites par le représentant personnel du Président et attendent l'ouverture du dialogue. Les revendications qui doivent faire l'objet de « prochaines discussions » sont les statuts particuliers, le régime indemnitaire, la prime d'intéressement et le quota annuel des logements de fonction. Les deux syndicats reprochent, par exemple, aux pouvoirs publics de n'avoir pas respecté les termes d'un accord conclu avec le ministère de tutelle en promulguant un texte différent de celui qui avait été négocié entre les deux parties et qui assurait à ces praticiens une évolution de leur carrière. Le régime indemnitaire dépend du statut. Quant à la prime d'intéressement, les syndicats exigent qu'elle soit définie selon les grades. M. Yousfi évoque également le repos hebdomadaire qui n'est pas respecté. « On continue à faire travailler les médecins chaque samedi, alors que c'est le deuxième jour du nouveau repos hebdomadaire décrété en juillet 2009 », relève-t-il, émettant le souhait de voir cette question réglée rapidement. Réaffirmant leur volonté d'aller vers des « discussions sérieuses » pour solutionner les problèmes du secteur, les deux syndicats estiment que la balle est aujourd'hui dans l'autre camp. Ils avertissent dès maintenant les plus hautes autorités qu'ils ne reculeront pas. « Si les promesses s'avèrent fausses, nous irons vers des actions plus radicales », menace M. Merabet, sans fournir plus de précisions. Pour le SNPSSP, un conseil national est déjà prévu pour le 9 mars pour faire un point de situation et discuter de la suite à donner à leur action syndicale. Côté officiel, le patron de la centrale syndicale a appelé au dialogue. « L'amélioration de la situation des travailleurs et celle de leurs conditions socioprofessionnelles passent inévitablement par le dialogue et la concertation sociale », a, en effet, déclaré Abdelmadjid Sidi Saïd à l'ouverture du 10e congrès de l'union-UGTA de la wilaya d'Alger, ajoutant que le recours à la violence et à la grève « n'amènera rien de positif et ne réglera pas pour autant les problèmes des travailleurs ». Message adressé essentiellement à ces deux syndicats autonomes activant dans le secteur de la santé. Un secteur de la santé qui emploie quelque 30 000 médecins dont 8500 spécialistes.