Le prix de la pomme de terre a considérablement baissé ces derniers jours, il varie entre 25 et 30 DA le kilo. Ce tubercule, dont le prix a connu une flambée jamais atteinte dans l'histoire de l'agriculture algérienne, est à nouveau dans les assiettes du consommateur. Lors de notre tournée à travers les exploitations agricoles de la banlieue algéroise, tous les agriculteurs étaient unanimes à reconnaître que la production de printemps a été plus importante. C'est durant cette période, précisent-ils, que la production de la pomme de terre augmente. Une semence de pomme de terre donne environ 4 kilos, alors qu'en hiver la même semence génère au maximum un kilo, explique Hocine, exploitant agricole à Zéralda. Hocine a toutefois déploré le fait que l'Etat n'aide pas les petits agriculteurs qui n'arrivent pas à obtenir des prix intéressants sur le marché, ce qui leur cause des pertes énormes parfois. Marouane, un autre agriculteur, a relevé, de son côté, un problème qui nuit beaucoup aux producteurs : les propriétaires de chambres froides qui engrangent des bénéfices énormes sur le dos des agriculteurs. «Nous travaillons dur à longueur d'année pour ensuite brader notre récolte à des spéculateurs qui font la loi sur le marché. Nous demandons à l'Etat de nous protéger afin que l'on redouble d'efforts pour produire d'autres légumes.» S'agissant du prix relativement bas de la pomme de terre, Marouane nous informe qu'en ce moment, la patate ne doit pas dépasser les 25 da le kilo, car, dit-il, «en plus d'une bonne récolte, il y a aussi le choix; toutes les variétés sont disponibles et de différents calibre». Ce jeune exploitant qui a bénéficié de l'aide de l'Etat estime que «les prix vont être stables jusqu'à fin juin, sauf exportation illicite vers des pays voisins». Et d'ajouter : «Le prix de la pomme de terre connaîtra ensuite une hausse à partir de la saison estivale, vu les fêtes qui sont célébrées, mais surtout l'arrivée du mois sacré de Ramadhan où tout flambe.» Marouane a aussi mis l'accent sur les coûts de production qui n'encouragent guère les agriculteurs. «J'ai loué deux hectares à 20 millions de centimes par an. Le quintal de semence est cédé à 9000 DA, les engrais reviennent à 10 000 DA le sac de 50 kilos et enfin il y a l'eau, l'électricité et le transport… Sincèrement, si ce n'était la volonté qui nous motive, nous ne planterions pas un seul mètre carré.» Le ciment est aussi de la partie car, il faut le rappeler, les terres agricoles sont cédées au dinar symbolique à des promoteurs immobiliers qui, d'année en année, rétrécissent les surfaces à planter. Le citoyen algérien peut s'offrir désormais des frites à volonté… En attendant la saison des vaches maigres.