L'information peut toujours être un poisson d'avril, mais toutes les plaisanteries sont maintenant vraisemblables. Tellement vraisemblables que certains canulars lancés à la cantonade peinent à retrouver leur «statut» de gros bobard fabriqué pour les besoins de la tradition. Amusez-vous à en inventer et vous aurez des problèmes de «retour à la réalité». Il se peut même que vous vous preniez à votre propre jeu. Et vous surprendre le lendemain à jurer vos grands dieux que de poisson, il n'en est rien alors que vous avez passé la nuit à trouver la pilule la plus difficile à passer. Ne vous avisez surtout pas à lancer le canular de votre mort, vous n'y survivrez pas ! Il paraît qu'il y a quelqu'un qui s'y est essayé et son entourage l'a cru sur parole. La nouvelle étant devenue évidente pour tout le monde, personne n'a voulu entendre ses supplications pour convaincre autant de monde à la fois qu'il était bien vivant. Pour faire plaisir aux gens et officialiser sa mort, il a bien tenté de se suicider mais au moment du passage à l'acte, il s'est rendu compte qu'un mort ne peut pas se suicider. Il n'en a ni la force physique ni le droit légal. Son poisson d'avril, il en a vraiment souffert et il a pris la résolution de ne plus jouer à ça. Mais il était obligé de le faire puisqu'il y avait une solution toute simple à son cauchemar. Il suffisait de sortir un autre poisson d'avril aussi gros que le premier, disant cette fois-ci qu'il était… vivant. Il sait que cette fois le calibre est légèrement supérieur, mais il n'y peut rien. Un autre a prétendu avoir gagné une fortune au loto. Le lendemain, il était submergé d'appels de félicitations, sa modeste demeure a été envahie par des amis et des parents dont beaucoup lui étaient inconnus jusque-là, et ses voisins l'ont étouffé de sollicitude. Alors, il a beau leur rappeler qu'on était le premier avril et qu'il avait manifestement réussi son coup puisqu'il a berné autant de monde, aucun n'en démordait et chacun y allait de sa démonstration qu'il était un homme à qui on ne la fait pas. C'est quand même une histoire qui ne s'invente pas, lui disait-on à tour de rôle. Et quand sa femme et ses enfants ont fini par se mettre de la partie pour le sommer d'arrêter de jouer au cachotier, il a été obligé de disparaître pour échapper à la folie furieuse suscitée par sa plaisanterie mal inspirée. Mais son éclipse n'a fait que confirmer ce que tout le monde savait déjà. Sa femme savait de toute façon qu'il la laisserait tomber s'il devenait riche, ses enfants qu'ils avaient un père indigne et tous les autres qu'il était un ingrat incapable de se souvenir des années de disette. Il est bien revenu une année après tenter de dire qu'il était plein aux as pour que les siens pensent le contraire, mais on l'a cru sur parole. De toute façon, on le savait déjà. Il avait, lui, la force physique et le droit légal de se suicider, mais il n'y a pas pensé. Désespéré, il est rentré chez lui le 2 avril. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir