Un des éléments qui était présent lors des faits qui remontent à 1996 a également été condamné à la même peine par la cour criminelle de Blida. «C'est la victoire de la justice», diront beaucoup de proches et amis de la victime, A. A. qui, pour rappel, décéda après avoir reçu plusieurs balles tirées par les policiers à l'aide de leurs armes de service. Le tribunal de la ville des roses, Blida, a abrité, durant la journée de mercredi, une atmosphère particulière. De 09h00 du matin, heure du début du procès, à 21h00, moment de lecture du verdict, toute l'assistance était dans l'expectative. Les auteurs du forfait, de surcroît représentants de la loi, seront condamnés ou bénéficieront-ils de la clémence de la justice ? Telle est la question qui revenait constamment sur les lèvres de bon nombre de présents et plus particulièrement sur ceux du père de la victime, T. A. qui nourrissait l'ardent espoir de voir la justice sévir à l'endroit des tueurs de son fils. Le moment succédant à la longue délibération, à savoir la lecture du verdict, condamnant les deux policiers suite à l'établissement de leur culpabilité, a suscité un soulagement parmi l'assistance mais également provoqué la consternation parmi les proches et amis des policiers. Une atmosphère indescriptible a régné dans la salle d'audience suite au verdict. Il y avait des pleurs de joie et de peine. Sur un ton altier et grave et en réponse à la demande du magistrat à propos des réparations, le père de la victime qui ne fut pas insensible à la peine ressentie par les parents des bourreaux de son fils, dira : «Je demande un dinar symbolique pour rendre hommage à la justice». Une déclaration qui véhiculait un message de remerciements et de louanges à l'égard de la justice qui, selon lui, «a fait preuve d'une très grande équité. 14 années de batailles juridiques menées par ce vieil homme ont fini par porter leurs fruits. 14 années durant lesquelles le père de la victime n'a cessé d'entreprendre des démarches afin d'inciter l'appareil judiciaire à faire la lumière sur les conditions entourant l'exaction qui a coûté la vie à son fils. Il ne cessa d'interpeller la justice qui, pour des raisons inavouées, a procédé au classement du dossier. Les différentes plaintes déposées auprès des différentes institutions, ponctuées par des points de presse, ont fini par convaincre la justice de rouvrir le dossier. Ainsi, de la chambre criminelle de Tizi Ouzou à la cour suprême, le dossier atterrit à la cour criminelle de Blida qui a retenu les chefs d'inculpation d'homicide volontaire à l'encontre du commissaire de police (lors des faits, il occupait le poste de chef de sûreté de daïra d'Azzazga) et un de ses éléments, lesquels étaient assistés de pas moins de 4 avocats et non des moindres. En dépit des éloquentes plaidoiries de ces derniers, les arguments apportés par Maître Berguel étaient plus convaincants au regard des magistrats qui finirent par condamner les deux policiers à purger des peines de 5 années de réclusion criminelle. Le sens aigu de la justice dont a fait montre le parquet général et ce, en persuadant la justice de se conformer aux lois de la république, avait laissé entrevoir un épilogue équitable à cette affaire qui suscita une grande polémique au sein des familles de la région et exacerba la tension entre les populations et les services de police. Une bavure policière à l'hollywoodienne Cette affaire, douloureusement vécue par les parents de la victime, le jeune A.A., s'est déroulée en 1996, date à laquelle le terrorisme battait son plein, notamment en Kabylie. Un contexte de tension favorisant les abus et les dérives de certains policiers qui avaient la gâchette facile. L'histoire a commencé lorsque l'officier de police qui exerçait en qualité de chef de sûreté de daïra d'Azzazga est arrivé à proximité de la maison d'arrêt d'Azzazga où il aperçut un véhicule à bord duquel étaient embarquées deux personnes, A. A. et un gardien de prison. Il donna immédiatement ordre aux policiers de déplacer ce véhicule qui paraissait suspect. Après quelques échanges de propos qui frôlaient l'altercation, le chauffeur, A. A., s'est résolu à quitter les lieux. En dépit de cette attitude, l'officier accompagné d'un de ses éléments a entrepris de le pourchasser. Lors de la courte poursuite, les deux policiers avaient fait usage de leurs armes de service en ciblant volontairement le véhicule qui, suite aux tirs nourris, finit sa course sur le bas-côté de la chaussée. Bilan : le jeune A.A. trouve la mort instantanément. Bien que le père ait déposé une plainte à l'encontre de ces deux policiers, la justice classa cette affaire sans donner de raisons suffisantes et sans donner suite aux plaintes émises par le père. Cette attitude passive adoptée par la justice de cette époque insuffla un nouveau souffle au père de la victime qui redoubla d'intensité dans ses démarches.