L'histoire qui était arrivée au client de Me Nassima Aïd va donner à réfléchir aux lecteurs qui ont sous les yeux cette chronique, comme l'avait ranchement crié l'avocate qui n'avait pas mesuré les dégâts faits à ses cordes vocales tant la colère l'avait gagnée, plus personne ne s'adressera au poste de police le plus proche pour demander de l'aide. Et le client de Me Aïd de trouver un micro portable pour bosser avec. Craignant d'être roulé dans la farine (entendez les pénibles poursuites), il s'adressa à une connaissance au commissariat pour que l'on vérifie si ce machin n'était pas volé. Et au commissariat, on lui avait assuré qu'aucun vol de micro portable n'avait été signalé. Le pauvre citoyen s'en retrouva tout heureux de la bonne nouvelle et ne se retournera plus jusqu'au jour où il apprend qu'il avait été condamné par défaut à une peine de prison ferme pour «recel». Le micro était volé ! Et l'affirmation du policier alors ?Le pauvre citoyen cherchait du boulot. En attendant, il a voulu s'initier à l'informatique. Il a donc cherché à acquérir un micro portable d'occasion. Quelque temps après, il a été informé que quelqu'un voulait se débarrasser de son micro. Méfiant, il alla s'informer chez les... policiers qui lui affirmèrent qu'aucun vol de micro portable n'avait été signalé. Et le premier réflexe de ce pauvre Nassim T. aura été d'aller voir encore ailleurs. Et ailleurs, là où il connaît un policier qui exerce dans un commissariat, car ce n'est que dans un micro de la DGSN que l'on peut savoir si tel ou tel objet est en bon d'être acquis. Et là où il s'était adressé, Nassim avait eu la même réponse : «Non, ce micro portable n'a jamais été signalé comme volé.» Heureux comme un enfant tenant son jouet contre sa poitrine, il s'empare, contre espèces sonnantes et trébuchantes, d'un micro portable. Et puis, patatras ! Le micro s'avère avoir été volé, la police tend un piège au revendeur à qui Nassim avait donné rendez-vous. Sentant le danger, le voleur, le vrai, le revendeur, ne se présentera jamais. Et Nassim de payer les pots cassés. «L'application de la loi» est timidement réclamée par la jeune procureure qui avait suivi ce dossier d'une manière tout aussi désinvolte que le reste de l'audience, une audience aussi fade... Me Aïd, l'avocate de l'inculpé, se dit même bouleversée et révoltée par la remise d'un PV de police de deux feuillets et où il manque le feuillet numéro un, elle se dit aussi furieuse que cet honnête citoyen se soit vu infliger, par défaut, deux ans ferme pour recel : «Un recel de micro qu'il n'a jamais acheté !», avait énergiquement plaidé l'avocate qui avait tout entrepris pour toucher du doigt le fait que le tribunal était obligé de croire Nassim T. qui n'avait aucune raison de taire un délit qu'il n'a jamais commis. Il est vrai que tout tribunal est tenu par les procès-verbaux d'audition, aussi bien face à la police judiciaire que devant le magistrat instructeur, surtout si des preuves matérielles existent : «Oui, madame la présidente, pourquoi ne pas prendre en considération la parole de mon client qui ne veut pas payer cash un délit dans lequel il n'a jamais trempé. C'est la faute des policiers qui ont raté la souricière pour prendre le revendeur voleur qui s'est joué de tous», avait souligné Me Aïd qui prend acte du délibéré.