Gros malaise ! C'est là une suite logique à laquelle il fallait bel et bien s'attendre du côté des gestionnaires et cadres dirigeants des entreprises publiques suite à cette série d'arrestations de responsables et de cadres dirigeants au motif de corruption et de détournement de deniers publics. A qui le tour ? C'est désormais la question que se pose l'opinion publique choquée face à l'ampleur qu'a pris le fléau de la corruption qui à leurs yeux n'épargne aucun secteur de la vie publique. S'exprimant sous le sceau de l'anonymat, nombreux sont les P-dg des entreprises publiques qui évoquent d'entrée un climat de psychose qui prend forme de plus en plus dans les milieux des gestionnaires des administrations publiques. «Nos administrateurs s'abstiennent tout bonnement de parapher le moindre document par crainte de se voir traîner devant les tribunaux», nous confie le président-directeur général d'une entreprise d'Etat exerçant dans le secteur de l'industrie. Un autre interlocuteur, désigné au même poste et activant dans le secteur des travaux publics, nous fait part de ses appréhensions de voir ses collègues gestionnaires sombrer dans une certaine paralysie préjudiciable pour notre économie. «De la manière avec laquelle est menée présentement la lutte contre la corruption, l'esprit d'initiative dont se prévalaient par le passé les gestionnaires des entreprises publiques va tout simplement s'estomper», nous dira-t-il. Un troisième P-dg à la tête d'une entreprise opérant dans le domaine de l'habitat déplore quant à lui le déficit de communication liée aux scandales de corruption publique. «Si on prenait la peine de rendre plus explicites les objectifs de la lutte contre la corruption et d'éclairer davantage l'opinion sur le contenu des affaires objet de saisine par la justice, les choses n'aurait certainement pas pris cette ampleur qui laisse perplexe une grande partie de l'opinion publique». Un employé du port d'Alger contacté hier par nos soins nous a affirmé que le personnel de cette infrastructure stratégique et vitale pour l'économie du pays affichait hier encore une mine froissée. «Celui qui n'a rien à se reprocher n'a pas de raison d'avoir peur» «Ici, les gens ont peur et s'abstiennent de s'exprimer sur quoi que ce soit», a-t-il résumé l'état d'esprit des travailleurs du port d'Alger suite à l'arrestation du premier responsable de cette infrastructure et de son prédécesseur et leur mise sous mandat de dépôt à la fin de la semaine écoulée. Par ailleurs, M. Djamel Laidouni, président du syndicat national des magistrats (SNM) nous a certifié hier que le traitement par la justice des affaires de corruption constitue «une phase de travail quotidienne». Interrogé sur le climat de psychose dont se plaignent plusieurs responsables et cadres gestionnaires à la tête des entreprises publiques, le président du SNM répondra tout simplement que «celui qui n'a rien à se reprocher n'a pas de raison d'avoir peur», tout en instant sur le travail accompli «sans grand bruit» par la justice dans le sillage de la lutte contre la corruption.