Des centaines de millions de dinars sont brassés par des commerçants et des importateurs en tout genre grâce à notre onze national de football. Les Turcs, les Chinois et même les Marocains sont de la partie. Mais derrière chaque opération commerciale, on trouve systématiquement un Algérien. Même l'équipementier avec lequel la Fédération algérienne de football a signé un contrat serait de la partie. «Ils sont impliqués, et je suis l'un de leurs acheteurs… mais au marché noir», nous révèle Abderrahmane, jeune commerçant à Belcourt. Des pin's, des écharpes, des chapeaux, des brassards mais surtout des maillots de l'équipe nationale algérienne qui font la fortune de nombreux «beznassia», au détriment de la FAF et du Trésor public. «Les maillots des Verts étaient fabriqués en Chine dans un premier temps où des importateurs ont engrangé des bénéfices énormes, un tee-shirt coûte environ 1,20 euro et il est vendu en Algérie à plus de 10 euros», a encore expliqué Abderrahmane. La concurrence dans ce secteur, notamment après la qualification des Verts à la Coupe du monde, a aiguisé l'appétit d'une multitude d'hommes d'affaires et de commerçants en tout genre puisque les bénéfices sont énormes et les transactions d'importations faciles. Mais depuis la mise en application des nouvelles règles imposées par la loi de finances complémentaire, notamment le crédit documentaire, les importateurs se sont tournés vers des usines et des ateliers clandestins installés dans des pays méditerranéens. Ainsi, la Turquie a été la première destination de ces prétendus supporters des Verts. Le maillot coûte un peu plus de 2,80 euros et il est importé dans des fourgons qui traversent les pays où sont confectionnées les tenues (Turquie, France, Italie et Espagne) pour enfin atterrir en Algérie. Cette «trouvaille» n'a pas fonctionné longtemps puisque les services douaniers ont resserré l'étau sur ce commerce florissant, après les requêtes formulées par l'équipementier officiel des Verts, Puma. Les tenues et autres équipements de l'équipe nationale et fabriqués par cette multinationale d'origine allemande sont cédés chez nous à des prix exorbitants. En fait, c'est le prix de la qualité. Le prix élevé qui prive le citoyen lambda de porter fièrement un tee-shirt estampillé Belhadj, Bouguerra ou encore Lahcen. Aussi, pour satisfaire la très forte demande exprimée par leurs concitoyens infortunés, des importateurs algériens ne sont pas allés très loin : au Maroc. Dans ce pays voisin, c'est dans des ateliers montés uniquement pour l'occasion qu'ils viennent s'approvisionner en maillots, tee-shirts, bandanas et autres babioles. Le maillot revient à 1 euro et son prix de vente en Algérie varie entre 250 et 300 DA, ce qui permet à tous de devenir, ne serait-ce que par la forme, les stars d'un jour. Qui en profite et qui est le perdant ? Dans d'autres pays, ce genre de commerce est régulé de façon à protéger les intérêts commerciaux et moraux et de l'équipe sportive et du fabriquant. Dans les pays où la propriété intellectuelle et les modèles déposés au niveau d'une instance étatique sont protégés, chez nous l'informel génère encore des bénéfices au détriment de l'Etat, de l'équipementier et de la FAF. A voir le nombre de tee-shirts, puisque c'est de cet habit fétiche qu'il s'agit, le commun des Algériens pourrait se dire que notre équipe nationale peut vivre uniquement de cette rente. Hélas, ce n'est pas du tout le cas, le grand perdant étant justement cette équipe, car aucun centime n'est versé dans son compte. Le couac est que l'équipementier de notre équipe nationale donne l'air d'abandonner la vente de ses maillots dans les magasins spécialisés ouverts à Alger. La raison selon le responsable d'un magasin Puma : «Nous avons ramené un lot de 400 unités que nous avons écoulées en l'espace de 24 heures, mais, depuis, nous avons annulé nos commandes puisqu'une imitation inonde le marché et avec le même prix, soit 4900 DA l'unité.». Pis encore, des binationaux viennent en force dans leur pays d'origine pour s'approvisionner en cette marchandise qui se vend comme des petits pains en Hexagone. «Un tee-shirt simple, imitation bien sûr, est cédé à 45 euros, et chaque fin de semaine je viens en Algérie pour retourner avec 200 maillots que je vends en l'espace de deux jours au grand maximum», a avoué Bob. Sur le prix d'achat de ces maillots, notre orateur a ajouté : «J'achète à un prix très réduit, dans le meilleur des cas à 300 DA l'unité !» Un bénéfice qui fait tourner la tête, il avoisine les 1000%, et une perte identique, si ce n'est plus pour les ayants droit. En tout état de cause et à l'heure actuelle, ce commerce est un peu stationnaire, mais à l'approche de la compétition mondiale, les ventes vont enregistrer encore un bond sans précédent. Dites-le aux Verts !