Deux frangins au casier chargé comparaissent un mardi pour deux délits commis dimanche du côté de Garidi, cette cité populaire qui connaît pourtant un calme grâce à la vigilance des gars de la DGSN, mais que certains citoyens déroutent par des comportements peu recommandables, comme cette jeune fille qui traîne sur les trottoirs attendant le bus, le portable collé à l'oreille, une opération invitant les agiles et malins voleurs à intervenir tel l'éclair et frappant tel le tonnerre. Nullement ébranlée par le monstrueux rôle de ce mardi de fin d'automne, Nadia Amirouche, la présidente du pénal de Hussein Dey de la cour d'Alger appelle les deux frères de la Montagne, Nasseredine et Abdedaïm, poursuivis pour vol, agression à l'aide d'une bombe lacrymogène, du côté de Garidi, et pris en flagrant délit par de jeunes policiers en patrouille et en civil. La victime Amal B., vingt-sept ans, ne s'est pas avancée à l'appel de son nom. - «Madame la présidente, mes parents sont allés voir hier la victime qui a pardonné.» - «Taisez-vous. Qui vous a adressé la parole ? La prochaine fois, contentez-vous de répondre aux seules questions du tribunal. Quant au pardon de la victime, il n'empêchera pas les poursuites. Le parquet est là. Vous devez rendre compte à la justice», tonne la juge, toujours impériale. Abdedaïm, qui avait pris le risque de perturber l'audience, n'ouvrira plus la bouche sauf pour effectivement répondre aux seules questions du tribunal. L'un après l'autre, les deux détenus n'arrivaient pas à «semer» le tribunal qui n'exige que des réponses directes aux questions précises. Il apparaît aussi que du côté de Garidi, les deux frangins, emmitouflés dans d'amples manteaux aux larges cols, faisaient en sorte de ne pas être reconnus par leurs victimes, généralement de très jeunes filles et même des lycéennes délestées de leurs portables en général, car il faut dire que nos enfants ont acquis ces mauvais réflexes de causer en marchant, le phone collé à l'oreille, lorsque ce n'est pas l'oreillette qui pend, évitant de loin les voleurs à l'arrachée. Pour cette affaire, c'est une dame qui a fait l'objet d'une véritable attaque, car la bombe lacrymogène avait été utilisée et donc la violence a été retenue. La présidente va faire en sorte, avec le coup de... langue de Zahia Houari, la procureure, de taper sur les phalanges des deux frères, dont l'un a déjà joué avec le vol, la violence, le trouble à l'ordre public et la consommation de stups. - «C'est clair. C'est bien de reconnaître, mais vous n'avez jamais réussi à vous repentir. Vous ne voulez pas changer. Madame la procureure vos réquisition s.v.p», dit la présidente. - «Deux ans de prison ferme», répond Houari. Ayant refusé d'être assistés par un avocat, les deux inculpés écopent de six mois de prison ferme, le tribunal ayant pris en considération le fait que si le casier judiciaire des deux garçons est superchargé, la violence relevée a été une première fois, donc il n'y a pas de récidive. Alors que la magistrate passe à une affaire de non-paiement de la pension alimentaire, les deux détenus regagnent les geôles .