Le président du mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, a appelé hier à Alger à un débat général sur la corruption au sein de l'assemblée nationale (APN), insistant sur l'implication de la société civile dans toute sa composante dans la lutte contre ce fléau qui a gangrené même les institutions de la République. S'exprimant en marge de la journée parlementaire organisée par sa formation politique, M. Soltani a estimé que le parlement ne doit pas se limiter à une journée parlementaire sur le phénomène mais bel et bien ouvrir un débat général. «C'est un thème qui mérite débat», a-t-il précisé, à travers lequel seront connues les raisons de ce fléau, les mécanismes de lutte, ainsi que les expériences des autres en la matière dont pourra bénéficier notre législation». La lutte contre la corruption n'est pas seulement du ressort de l'Etat à travers le ministère de la justice ou de l'intérieur mais aussi une responsabilité qui incombe à toute la société civile, aux institutions et organisations, aux parlements, aux partis politiques, aux organes de presse qui doivent agir main dans la main dans le cadre de nos lois, estimera le chef de file du MSP. N'hésitant pas à faire le parallèle avec le terrorisme, M. Soltani a souhaité que le fléau de la corruption soit combattu de la même manière que le terrorisme que l'Etat a vaincu grâce à l'implication de tous : «Il faut aujourd'hui se préparer pour une autre bataille contre un fléau qui cible nos valeurs, les deniers publics et la stabilité de notre pays», a-t-il préconisé. Intervenant lors de la clôture des débats, il a qualifié le terrorisme et la corruption de «jumeaux», citant 12 autres raisons de la propagation de la corruption, entre autres la drogue, les marchés publics, l'absence du rôle du parlement qu'il a fustigé au passage, l'accusant d'inertie, l'absence de contrôle et l'espionnage économique. Il estimera par ailleurs que l'organe de contrôle «auquel devrait être confiée une lourde responsabilitée annoncé par le premier ministre pour le mois de mars dernier n'a pas vu le jour «parce qu'il s'agit de trouver des personnes intègres». C'est une question technique, ajoute Soltani. S'agissant des scandales qui touchent des ministères «gérés» par des ministres MSP, à l'instar des travaux publics, Soltani s'en remet à la justice et «accuse la presse» de vouloir focaliser sur son parti. Par ailleurs, tout en rappelant l'arsenal juridique dont dispose l'Algérie en matière de lutte contre ce fléau à l'instar de la loi de 2006 et toutes les lois et conventions internationales ratifiées par notre pays, nombre d'intervenants ont insisté sur l'implication de tous dans la lutte contre la corruption. D'autres intervenants ont relevé au cours des débats la nécessité de l'indépendance de la justice et des médias mais aussi l'absence de volonté politique pour combattre le fléau.Le professeur Mounia Meslem, avocate, a disserté sur les mécanismes de lutte dans la législation algérienne alors que Abderazak Mokri, du MSP, a évoqué la lutte contre le fléau dans le cadre de la bonne gouvernance. La journée parlementaire s'est terminée avec une résolution préconisant l'activation des mécanismes de lutte, la transparence dans la gestion des affaires publiques et la sensibilisation entre autres. A signaler que le président de l'APN, Abdelaziz Ziari, invité pour présenter une communication, ne s'est pas présenté.