S'il y a un sujet qui a occupé le plus la scène politico-médiatique durant 2006, c'est sans doute la corruption. Certains partis politiques ont fait de la lutte contre ce fléau, qui gangrène le pays, leur cheval de bataille en perspective notamment des prochaines élections de 2007. La formation qui s'est le plus illustrée dans cette lutte « verbale » est assurément le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui a même lancé une campagne sous le slogan « Stop corruption ». Son président, Bouguerra Soltani, en a fait son thème préféré. A chaque occasion, dans la moindre rencontre avec les cadres et les militants de son parti, M. Soltani s'étala sur le sujet, prenant le risque d'être monotone. Il a ainsi déclaré, une fois dans une émission en direct à la Chaîne II de la Radio nationale, qu'aucun responsable algérien ne fait sa déclaration de patrimoine. Quelques jours plus tard, il martèlera que la corruption s'est généralisée à tous les niveaux et à toutes les échelles de responsabilités. M. Soltani ira encore plus loin en déclarant à la presse avoir en sa possession de lourds dossiers de corruption impliquant de hauts responsables de l'Etat. Cette déclaration, émanant de surcroît d'un ministre d'Etat, a suscité indignation par-ci et étonnement par-là. M. Soltani, qui n'a cependant pas divulgué des noms ni remis les dossiers en sa possession à la justice, s'est vite retrouvé dans une posture peu enviable. Il se souviendra certainement de ce 9 décembre, quand le premier magistrat du pays, outré, le somme sans le nommer de remettre les dossiers dont il parle à la justice en le menaçant, dans le cas contraire, d'être lui-même poursuivi en justice. Le choix du timing n'était pas fortuit. Le 9 décembre symbolise la journée internationale contre la corruption. Et le président Bouteflika a profité de cette occasion pour réaffirmer la « ferme détermination » de l'Etat à combattre la corruption « avec toute la vigueur nécessaire ». Mais en même temps, il a défini le cadre dans lequel doit s'opérer ce combat, à savoir celui des instances judiciaires et des lois de la République. S'adressant indirectement à Bouguerra Soltani, il a vivement dénoncé ceux qui tentent d'utiliser cette « guerre » déclarée à la corruption pour des règlements de comptes ou à des fins partisanes et politiciennes. Pour lui, il s'agit d'un défi qui doit être relevé avec la participation de toutes les composantes de la société, « loin de toute surenchère, démagogie et activisme, individuel ou partisan ». Une semaine après le discours de Bouteflika, la présidente de Transparency International (TI), Mme Huguette Labelle, affirme à Alger, lors des Débats d'El Watan du 14 décembre consacrés à l'autopsie de la corruption, que le fléau est encore plus étendu dans les milieux politiques. Outre la présidente de TI, des chercheurs, des cadres, des syndicalistes et des animateurs du mouvement associatif ont attesté de l'ampleur du « drame » qui continue de saigner notre économie. Ainsi, l'année 2006 aurait été donc celle de la dénonciation de la corruption. En attendant du concret qui sera, peut-être, pour 2007…