L'interdiction de l'importation de la friperie, décidée depuis une année déjà, ne sera pas levée de sitôt. Selon une source proche du ministère du Commerce, tant que l'activité n'est pas régulée et le contrôle de la marchandise n'est pas maîtrisé, la relance des importations ne sera pas envisagée. La Fédération nationale du textile a appelé à l'encouragement de la production locale afin d'éviter l'importation de vêtements des pays européens et asiatiques. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a indiqué en octobre 2009 que le gouvernement «ne va pas interdire l'importation et le commerce des vêtements d'occasion». Il avait indiqué que ce commerce est pratiqué par beaucoup de pays au moment où cette activité emploie 25 000 personnes à travers le pays, dont 6700 emplois directs. Le maintien de l'interdiction de l'importation est motivé notamment par la difficulté de contrôler cette marchandise, car certains produits comme les sous-vêtements et les chaussettes utilisés ne doivent pas être commercialisés, au regard des risques de maladies que le port de ces vêtements peut engendrer, explique la même source. Même si le ministère du Commerce a déjà prévu un arrêté ministériel pour que les vêtements soient traités avant leur utilisation pour la préservation de la santé du citoyen, la vente des sous-vêtements est totalement interdite. Or, les commerçants de la fripe ne se conforment pas à la réglementation et proposent à la vente ce genre d'articles sans se soucier des dangers qu'ils peuvent constituer pour la santé. La fripe constitue aussi une concurrence déloyale pour le textile algérien, selon la même source, considérant qu'il est temps de réhabiliter les capacités de production nationale. 3700 commerçants attendent le feu vert La décision du ministère du Commerce d'interdire l'importation a, cependant, occasionné la perte de centaines d'emplois et contraint les propriétaires de commerce de la fripe à baisser rideau. Les 3700 commerçants en activité, selon des statistiques de 2009, risquent la fermeture si l'interdiction est maintenue pour d'autres années. «Des emplois directs et indirects ont été perdus», nous a indiqué Rédha Zerroug, directeur de Remotex, entreprise spécialisée dans le triage et la distribution de la friperie. Après une attente de plusieurs mois, «nous étions obligés de remercier les 30 travailleurs de l'entreprise. Nous avons subi un important préjudice», a-t-il confié. Même les cinq représentants commerciaux de l'entreprise établis à travers le pays ont été contraints d'arrêter leur activité. Outre ces employés directs, l'arrêt de l'activité a porté aussi un coup dur aux transitaires spécialisés dans cette branche d'activité et aux transporteurs qui avaient l'habitude d'assurer, dans le cas de la société Remotex, une dizaine de rotations par mois. Selon Rédha Zerroug, beaucoup d'entreprises activant dans la wilaya de Tébessa ont été touchées par l'interdiction de l'importation de la fripe, se rappelant, à l'occasion, de l'année 1995 lorsque le gouvernement avait décidé de geler les importations pendant une année avant de les autoriser une nouvelle fois, sans fournir d'explications aux intervenants dans cette branche. «Nous souhaitons avoir des informations claires. Ceci nous permettra de prendre la décision. Si l'importation est définitivement interdite, nous fermerons notre entreprise», a-t-il révélé, soutenant que la disposition prévue dans la loi de finances complémentaire 2009 portant sur l'interdiction d'importation des articles usagés a concerné les pièces détachées et non la fripe. Mais l'application a été élargie finalement à cette branche d'activité. L'impact sera ressenti aussi par les familles qui avaient l'habitude de s'habiller à petit prix. Les commerçants de détails de cette branche sont, quant à eux, désemparés et se fient actuellement aux rumeurs. Ils attendent impatiemment la relance des importations pour réactiver le marché et susciter de nouveau l'intérêt de la clientèle. Les gens ont remarqué qu'il n y a plus de nouveaux articles à proposer, reconnaît un vendeur établi à Alger centre. Répondant à une fidèle cliente, un commerçant établi à El Mouradia confiera que son magasin ne reçoit plus de nouveaux arrivages. Ce qui est exposé dans son magasin est tout simplement un ancien stock. L'importation est bloquée, s'est-il plaint. Certains commerçants songent à changer d'activités ou baisser rideau carrément, ont-ils lancé, estimant qu'ils sont découragés par le ralentissement de l'activité.