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Les marchés, la spéculation et les subventions
Les pouvoirs publics à pied d'œuvre à la veille du Ramadhan
Publié dans Le Maghreb le 28 - 08 - 2008

Tous les produits alimentaires sont disponibles en abondance dans les marchés et il ne devrait pas avoir de pénurie quelconque
pendant le mois de Ramadhan. C'est du moins ce qu'a déclaré le ministre du Commerce, M. Hachemi Djaâboub, hier, lors d'une réunion de travail avec les directeurs régionaux du commerce de toutes les wilayas, au siège de l'Algex. Le ministre estime, néanmoins, que pour éviter de nourrir la spéculation, il faudrait éviter le rush de Ramadhan sur les marchés. Et de rassurer quant à l'état des marchés et des prix qui retrouveront la stabilité à partir de la deuxième semaine du mois sacré. Le citoyen est rassuré quant à la disponibilité des produits alimentaires. S'agissant de la spéculation, le département de M. Djaâboub va renforcer les équipes de contrôle à travers tout le territoire national, afin de débusquer ceux qui font du stockage spéculatif. Pour M. Djaâboub, les prix des produits alimentaires sont stables, et ils ne sont pas en hausse par rapport à la même période de l'année précédente. Concernant la hausse vertigineuse des prix de la salade verte, le ministre l'explique par le fait que les récoles ont été touchées par les dernières intempéries.Pour le cas de la pomme de terre, le ministre a assuré que la quantité stockée est évaluée à 120 000 tonnes, ce qui est suffisant pour subvenir aux besoins du marché. Le ministre a affirmé que son département est en contact permanent avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural qui contrôle le marché, et l'Etat est prêt à injecter les quantités qu'il faut, avant d'ajouter que les prix des produits alimentaires sont soumis à la loi de l'offre et la demande, mis à part les produits soutenus par l'Etat, comme le lait, le blé, et le pain, dont les prix sont régulés et contrôlés par l'Etat. Cependant, une chose est sûre en tout cas, les prix proposés au niveau des marchés de détail sont plus qu'exorbitants. Certains prix ont enregistré une hausse considérable comme la salade verte, le piment et la tomate. Cela relance, désormais, la problématique de la mise en place d'un système de contrôle performant englobant les secteurs du commerce, de l'agriculture et la corporation. Les consommateurs estiment que les prix pratiqués sont très excessifs. Ils demeurent les premiers pénalisés. Décidément, l'année s'annonce rude pour le citoyen qui, d'ailleurs, ne sait plus où donner de la tête. Par ailleurs, une flambée similaire a été enregistrée à la même période de l'année 2007, se souviennent des citoyens, qui ont révélé que des centaines de tonnes de produits ont été jetées à l'époque dans les oueds, après pourrissement du produit. La question des offices lancés par le ministère pour absorber le surplus de la production n'a pas encore abouti. Autant dire que le contrôle fait toujours défaut. Ce qui profite à certains commerçants et mandataires peu scrupuleux qui préfèrent stocker la marchandise pour créer des situations de spéculation. Cette situation perdure depuis un bon bout de temps. Le ministère de l'Agriculture jette la balle dans le camp du ministère du Commerce lequel, à son tour, tente d'expliquer que des centaines de marchés de gros seront construits pour répondre à la demande et lutter contre la spéculation. D'autre part, il faut savoir que le Ramadhan de cette année coïncide avec la rentrée sociale, ce qui va alourdir les dépenses des milliers de pères de familles, d'autant que les salaires ne seront pas revalorisés.
Retour à l'importation de la viande ovine
Pour M. Cherif Ould El Hocine, président de la Chambre nationale d'agriculture, l'Algérie a enregistré un excédent dans la production de viande ovine, avec un cheptel de trois millions de têtes. Ce qui devrait faire baisser le prix des viandes rouges. Dans son intervention, le ministre du Commerce a plaidé pour l'exportation de ce surplus, ou dans un autre cas son stockage dans des chambres froides lesquelles seront subventionnées par l'Etat. En outre, et sur la question de l'importation de la viande ovine, le ministre a déclaré que l'Etat va lever l'interdiction de l'importation à partir du 1e septembre prochain, mais le secteur sera régulé. M. Djaâboub a affirmé que l'Etat va importer juste la quantité dont le marché aura besoin, cette quantité est évaluée à 10 % des besoins. Pour rappel, la décision d'interdire l'importation de la viande ovine a été introduite depuis le 31 mai dernier jusqu'au 31 août courant. La décision de suspension totale de l'importation de viandes ovines a été prise par le gouvernement pour préserver le cheptel national. Outre cela, et dans le même sens, cette décision a permis à l'Algérie de réaliser un excédent de production de viandes rouges et une autosuffisance en viandes blanches. C'est un indicateur positif pour réhabiliter ce secteur, a estimé M. Djaâboub. Le gouvernement avait décidé la suspension totale de l'importation de viande ovine en raison de la situation difficile que traversait ce secteur important de l'économie nationale. Les pouvoirs publics ont également pris une mesure visant à augmenter les quantités d'orge et de les mettre sur le marché pour rendre cet aliment de bétail accessible aux éleveurs le plus rapidement possible. Il avait, en outre, décidé d'ouvrir les terres de parcours et de les organiser en vue d'une utilisation rationnelle. A rappeler également qu'en plus de la suspension de l'importation de la viande ovine, d'autres mesures ont été prises dans ce sens pour soutenir la filière élevage. On citera l'importation de 300 000 tonnes d'orge destinées à l'alimentation de bétail. L'orge est disponible dans les coopératives agricoles. Cet aliment du bétail est distribué aux éleveurs régulièrement. Pour ce qui est de l'ouverture des terres de parcours, la priorité est donnée à la population locale tout en encourageant les éleveurs à se regrouper au sein de coopératives afin d'établir des relations contractuelles avec les autorités.
Une facture en hausse
Le ministre du Commerce, M. Hachemi Djaâboub, a affirmé aussi, en marge de cette rencontre, que l'Algérie a alloué cette année 2,5 milliards de dollars pour le soutien des prix des produits alimentaires de première nécessité. Il n'y a pas beaucoup d'Etats dans le monde qui font un tel effort pour le bien de leurs citoyens a déclaré M. Djaâboub. A cette occasion, le ministre a rassuré que le prix du pain n'augmentera pas, celui-ci restera à 8,50 DA. Par ailleurs, et selon le Centre national de l'informatique et des statistiques la facture alimentaire de l'Algérie a atteint 4,507 milliards (+67,91%) de dollars, durant les 8 premiers mois de l'année en cours. Il faut savoir que cette facture du premier semestre 2008 est l'équivalent de ce que l'Algérie avait dépensé durant toute l'année dernière. En outre, et en dépit d'un colossal programme national de développement de l'agriculture, l'Algérie peine à assurer sa sécurité alimentaire. Les récentes hausses des prix de la majorité des produits qui forment le panier de la ménagère illustrent parfaitement cette faiblesse structurelle de l'agriculture algérienne. Au fil des ans, l'Algérie s'impose comme le principal importateur de denrées agroalimentaires du continent africain, notamment le blé. Il faut dire, cependant, que le blé et ses dérivés, fortement prisés par les ménagères, demeurent des produits inscrits sur la liste des produits de large consommation subventionnés par l'Etat. Les petites bourses seront donc à l'abri de cette pénible augmentation des prix. Cependant, pour le Trésor public, la situation risque de devenir assez compliquée vu que cette baisse de production annoncée va amener l'Etat à importer encore plus de blé. Un blé qui coûte très cher et qui n'est pas toujours disponible sur les marchés mondiaux. Selon des responsables du ministère du Commerce, l'Algérie importe la moitié de sa consommation de blé tendre et dur.


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