C'est l'anarchie au niveau du siège de la daïra de Chéraga où nous nous sommes rendus hier, premier jour ouvrable de la semaine, après l'annonce du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales de l'allégement du dossier concernant le passeport biométrique. Alors que le chef de cabinet, Mehdi Ali, qui nous a reçus dans son bureau, affirme qu'aucune directive ou instruction ne lui est parvenue du ministère, le citoyen lambda au niveau du service des passeports est renvoyé sans aucune autre explication, à part «revenez plus tard». Le chef de cabinet du wali délégué de Chéraga que nous avons trouvé abattu après la défaite de l'équipe nationale est peu bavard. «Je ne peux rien vous dire pour l'heure. Nous n'avons rien reçu à ce propos», répond-il à notre interrogation sur les nouvelles mesures concernant le passeport biométrique. Sur notre insistance, il consent enfin à s'exprimer avec une très grande prudence, non sans nous indiquer à chaque propos que toutes les informations sont au niveau du chef de service de la réglementation et des moyens généraux auquel nous devrions plutôt nous adresser. «C'est trop tôt pour qu'il y ait une quelconque directive», dit-il, rappelant que «de nouveaux imprimés doivent être confectionnés». Il prédit que «d'ici une semaine, il y aura peut-être du nouveau». Il préfère plutôt nous parler des «bienfaits» de ces allégements «qui vont nous permettre de traiter plus de dossiers à la fois et aussi beaucoup nous faciliter la tâche», nous enjoignant de nous adresser au service de la réglementation «où vous pouvez trouver toutes les informations». Un peu déçus, nous nous dirigeons quand même vers le service indiqué dans l'espoir de trouver une oreille attentive. Deuxième déception : le préposé au guichet nous fait savoir que «le chef de service est sorti et dieu seul sait s'il va revenir». Nous patientons quand même. Quelques citoyens venus s'enquérir de la situation vocifèrent çà et là alors qu'ils sont eux aussi balancés entre le doute et la non-communication. «Revenez plus tard», leur dit-on. «Si c'est pour le dossier, vous n'avez qu'à consulter la liste des documents affichée sur le tableau», nous dit sèchement le même agent avant de s'éclipser pour s'engouffrer dans les bureaux sans aucune autre explication. La liste des documents à fournir affichée sur le tableau et qui commence déjà à moisir était celle qui contenait douze pièces. La nouveauté est simple. Après l'annonce du ministre, le service «documents biométriques» n'a fait que rayer au stylo à bille toutes les pièces inutiles de la désormais ancienne liste pour la réduire à 5 documents seulement. N'est-il pas judicieux d'informer le citoyen convenablement en réservant par exemple un guichet pour l'accueil et l'orientation ? «C'est l'anarchie totale», commente un citoyen rencontré à l'extérieur du service et qui ne savait plus à quel saint se vouer ; il était sur le point de quitter les lieux, vociférant et proférant toutes sortes de quolibets à l'encontre des administrateurs. «J'ai un rendez-vous pour le 17 juin. Je suis venu pour avoir des renseignements par rapport aux nouvelles mesures mais on me refile l'ancien formulaire. Je dois donc me conformer aux anciennes mesures restrictives», se désole-t-il. Nous ne quittons pas les lieux pour autant. Un deuxième préposé au guichet nous informe entre-temps que le chef de service est bien dans son bureau. Un autre citoyen qui voulait tout comme nous avoir des explications auprès de ce dernier a été orienté vers un autre service. Nous demandons à voir le responsable qui devait, selon le chef de cabinet, nous fournir tous les renseignements nécessaires. Ce dernier n'a pas souhaité nous rencontrer. Au moment où l'on tient au niveau central à faciliter au citoyen l'accès à l'information, à lui réserver un accueil digne à la faveur des nouveaux codes de commune et de wilaya, l'on continue toujours à gérer les affaires de la cité dans le flou, l'opacité et le manque de transparence. La bureaucratie à décidément de beaux jours devant elle.