Brillant vainqueur du Danemark (3-1) dans le groupe E, le Japon s'est qualifié pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde. Les Japonais font aussi bien qu'en 2002 et affronteront le Paraguay. Victorieux du Cameroun (2-1), les Pays-Bas ont fait un carton plein et joueront contre la Slovaquie. Le Japon jubile L'Asie aura deux représentants en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2010. Après la Corée du Sud, le Japon a décroché le précieux sésame au terme de sa très belle victoire sur le Danemark (3-1). C'est la deuxième fois que les Japonais atteignent ce stade de la compétition après l'édition 2002, qu'ils organisaient conjointement avec les Coréens du Sud. Face au Paraguay, les Nippons tenteront d'accéder aux quarts de finale pour la première fois de leur histoire. De leur côté, les Pays-Bas ont ponctué un premier tour parfait par un succès face au Cameroun (2-1). Les Néerlandais ont confirmé leur statut de sérieux outsider. Ils sont pour l'instant les seuls, avec l'Argentine, à avoir réalisé le carton plein lors de ce premier tour. Mais la vraie sensation de ce groupe, c'est bien le Japon. Dans ce match à quitte ou double face au Danemark, la formation asiatique a fait preuve d'une maîtrise remarquable et affiché toutes les facettes de son talent, notamment sur coups de pied arrêtés. Honda avait planté la première banderille d'un maître coup franc excentré, d'environ 30 mètres, en trouvant le coin opposé du but de Sörensen (1-0, 17'). Endo ne s'est pas fait prier pour imiter sa star de coéquipier quelques instants plus tard. Les Pays-Bas sans forcer A l'entrée de la surface, le stratège de Gamba Osaka a enveloppé un maître coup franc sur lequel le portier danois n'a pu que s'incliner (2-0, 30'). Il aurait même pu s'offrir un doublé, avec la complicité de Sörensen, si son coup franc lointain n'avait pas trouvé le poteau (48'). En face, les Danois ont déçu. Hormis une frappe de Tomasson (14'), ils n'ont jamais inquiété le Japon de la première période. Et il a fallu un penalty péniblement transformé en deux temps par le joueur de Feyenoord pour donner un peu d'espoir aux Vikings (2-1, 81'). Mais Okazaki, à la conclusion d'un magnifique travail de l'excellent Honda, s'est chargé de donner à la victoire japonaise une ampleur méritée (3-1, 89'). Pendant ce temps, les Pays-Bas, déjà qualifiés, n'ont pas trop forcé face à des Camerounais déjà éliminés. Les Lions Indomptables espéraient quitter cette Coupe du monde sur une bonne note, mais ils sont tombés sur un os nommé Arjen Robben. Entré en cours de seconde période, la star du Bayern Munich, qui effectuait son retour après une blessure à une cuisse, a fait basculer la rencontre en faveur des Oranje. Au terme d'un exploit personnel dont il a le secret, l'ancien joueur du PSV a vu sa frappe repoussée par le poteau mais Huntelaar traînait par là pour pousser le ballon au fond des filets (2-1, 83'). Auparavant, les hommes de Paul le Guen avaient eu une belle réaction d'orgueil après l'ouverture du score de Van Persie, à la conclusion d'un joli une-deux (1-0, 36'). La volonté du Cameroun a été récompensée par un penalty transformé par Eto'o suite à une main de Van Der Vaart dans la surface (1-1, 65'). Une maigre consolation pour une formation qu'on attendait à un meilleur niveau, surtout pour la première Coupe du monde sur le sol africain. Les Néerlandais, eux, ont été au rendez-vous. Ils joueront leur place en quart de finale face à la Slovaquie. Arrivederci Italia Terrassée par la Slovaquie, l'Italie a quitté le Mondial 2010 beaucoup plus tôt qu'elle ne l'espérait. Mais cet échec ne doit rien au hasard. Le tenant du titre n'avait pas les moyens de ses ambitions en Afrique du Sud. Il n'a été grand que dans sa façon d'appréhender la défaite. L'Italie a donc rejoint la France au cimetière des éléphants. Ce Mondial 2010 s'avère intraitable avec les héros de 2006. Pour la première fois dans l'histoire, les deux finalistes de l'édition précédente ont disparu dès le premier tour. Mais contrairement aux Français, les Italiens n'ont pas doublé ce fiasco sportif d'un psychodrame collectif. Leur honte se limitera au seul terrain. C'est assez lourd à porter comme ça. Après la défaite face à la Slovaquie, qui a scellé leur destin dans cette compétition, les désormais ex-champions du monde en titre ont fait preuve d'une solidarité et d'une dignité louables. Les Bleus pourraient en prendre de la graine. Même si, sur le fond, ça ne change pas grand-chose, la forme est moins honteuse. Le plus digne de tous fut sans doute Marcello Lippi. Lorsqu'il s'est présenté pour la traditionnelle conférence de presse, le sélectionneur italien, très classe, a pris sur lui l'entière responsabilité de cet échec retentissant. «J'aimerais faire une déclaration avant les questions des journalistes, a d'abord dit Lippi. Je prends toutes les responsabilités de ce qui s'est passé, si l'équipe n'a pas réussi un match aussi important, si l'équipe n'est pas capable d'exprimer ses possibilités, c'est que l'entraîneur n'a pas fait ce qu'il fallait, tactiquement, physiquement, ni psychologiquement». Lippi : «Je n'ai vu aucun signe» L'attitude de l'ancien entraîneur de la Juventus est remarquable. Mais elle travestit la réalité. A l'évidence, Lippi n'est pas le seul responsable. Loin de là. Il n'est même pas le principal facteur de l'élimination italienne. Si la Squadra en est là, ce n'est pas parce que son sélectionneur n'a pas trouvé la bonne formule. C'est d'abord et avant tout en raison de la faiblesse de son équipe. L'Italie version 2010 n'est pas une grande équipe. On la disait vieillissante. C'était vrai. Fabio Cannavaro, l'ancien Ballon d'or, a vraiment fait peine à voir pendant ces trois matches. Il a 36 ans mais, par moments, il en paraissait 10 de plus. Sa faillite fut spectaculaire, mais elle n'est pas la seule. Terriblement lente derrière, sans une once de créativité dans le secteur offensif, en manque de confiance (aucune victoire en 2010), la Squadra courrait à la catastrophe. Que lui restait-il pour s'en sortir? Le poids de l'histoire? On avait beaucoup entendu ces derniers jours que l'Italie s'en sortait toujours. Certains ont rappelé les trois nuls de 1982 au premier tour en Espagne, avant le triomphe deux semaines plus tard à Madrid. D'autres ne voyaient pas comment la Slovaquie, novice à ce niveau, pouvait barrer la route de l'éternelle Italie. Mais arrive un jour où la réalité du terrain est plus forte que le passé, si prestigieux fut-il. Si Lippi a eu un tort, c'est de ne pas voir venir la catastrophe. Alors que la médiocrité des deux premiers matches de son équipe aurait dû l'alerter, il n'a cessé d'afficher sa confiance. Pas par arrogance. Juste par conviction. Lui non plus n'imaginait pas une élimination si précoce. «Je n'ai vu aucun signe, avoue-t-il. Je croyais à ce que nous faisions, même si nos deux premiers matches n'étaient pas exactement brillants.» On n'ira pas jusqu'à dire que la Squadra est à sa place, car même cette Italie faiblarde aurait dû se sortir de ce groupe F, pas loin d'être le moins dense de tous. «Quand on termine dernier d'un groupe avec la Nouvelle-Zélande, le Paraguay et la Slovaquie, avec tout le respect que j'ai pour ces équipes, c'est sans nul doute normal d'être éliminé», confesse Gianluca Zambrotta. «C'est carrément la honte de ne pas sortir d'un groupe comme ça», confirme Andrea Pirlo, dont la blessure a incontestablement joué un rôle clé. Techniquement, il était un des rares dans ce groupe à être au niveau. Cette perte, conjuguée à celle de Gigi Buffon dès le premier match, a fini d'achever la Nazionale. Son échec était inévitable, mais le fait qu'il survienne si tôt lui donne une ampleur plus grande encore. $ La plus juste des conclusions revient à Gennaro Gattuso, qui n'a pas pour habitude de tourner autour du pot. «Le football italien doit faire son examen de conscience, parce que ce soir nous avons touché le fond.»