Michel Germaneau, l'ingénieur français en retraite enlevé avec son chauffeur algérien le 22 avril dans le nord du Niger, par un groupe se prévalant de l'Aqmi, risque d'être exécuté par ses ravisseurs si l'Etat français ne se plie pas à leurs exigences. Diffusé avant-hier sur un site islamiste, le communiqué de Aqmi ne souffre aucune ambiguïté : l'ingénieur français Michel Germaneau, 78 ans, capturé au nord du Niger, à la frontière avec le Mali et l'Algérie, sera exécuté dans les 15 jours si la France ne se plie pas à certaines exigences. Ces exigences se résument pour l'essentiel dans la libération de ses éléments emprisonnés en échange de l'ingénieur français. «Les moudjahidine ont décidé d'accorder une ultime prolongation à la France, mais il n'y en aura pas d'autre et elle n'excédera pas 15 jours à partir de lundi, 12/07/2010», affirme le communiqué qui précise que la vie de l'otage dépend désormais de la responsabilité de Nicolas Sarkozy. «Au terme de cette période, et en cas de non-réponse à nos demandes légitimes, la France aura condamné son ressortissant à la mort», poursuit le communiqué de l'Aqmi dont on n'a pu trouver trace sur la toile. Les dépêches d'agence restent évasives sur la question des «prisonniers» dont l'Aqmi réclame la libération. Qui sont-ils et où se trouvent-ils ? Questions gênantes que ni le Quai d'Orsay ni les médias français ont éludées. Si le ministère des Affaires étrangères se refuse à tout commentaire, expliquant son attitude par la discrétion qu'il faut observer dans des situation pareilles, les agences de presse se contentent seulement d'un laconique «échange de prisonniers». Or, sachant que ni le Niger ni le Mali et encore moins le Burkina Faso ne détiennent dans leurs geôles des éléments supposés de l'organisation terroriste, il est fort probable que les prisonniers dont il s'agit soient les islamistes détenus en Mauritanie. La France serait-elle donc tentée de rééditer son «exploit» malien en exigeant du gouvernement mauritanien d'accepter de relâcher dans la nature de dangereux terroristes pour que son ressortissant ait la vie sauve ? Sans nul doute, c'est la solution extrême envisagée par Paris qui joint ainsi ses efforts à ceux déployés depuis plusieurs semaines par le gouvernement espagnol pour la libération de ses deux humanitaires. Des deux côtés des Pyrénées, la seule option envisageable est d'infléchir la position de principe du gouvernement mauritanien qui, à ce jour, refuse de libérer les terroristes qu'il détient. Cette position a été réitérée le 9 juin par le ministre mauritanien de la Défense. Hamadi Ould Baba Ould Hamadi a affirmé qu'il n'était pas question pour la Mauritanie de libérer de présumés terroristes d'Al Qaïda pour obtenir la libération d'otages occidentaux. Aussi, il n'est pas exclu que Paris et Madrid usent des grands moyens, en recourant cette fois-ci au chantage alimentaire ; la survie de l'économie mauritanienne dépendant en grande partie de l'aide conditionnée de l'Union européenne. Effrayés à l'idée que les trois otages connaissent le même sort qu'Edwin Dyer, le Britannique assassiné l'an dernier à la suite du refus du gouvernement Gordon Brown d'accéder aux exigences du groupe armé, les deux capitales européennes ne se gêneront certainement pas de recourir au plus odieux des chantages contre la fragile Mauritanie.