L'otage français Michel Germaneau, 78 ans, a été exécuté samedi par ses ravisseurs d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Détenu depuis le 19 avril, l'otage a été tué par ses ravisseurs «en réponse à l'offensive menée par l'armée française dans le désert», explique Abou Moussab Abdel Wadoud, chef de l'Aqmi, dans un enregistrement sonore diffusé par la chaîne El Jazeera. L'exécution a été confirmée hier par le président français Nicolas Sarkozy qui a affirmé que «le crime ne restera pas impuni». Ingénieur à la retraite, Michel Germaneau, 78 ans, activant au Niger pour le compte d'une petite association, Enmilal, spécialisée dans l'éducation et la santé, a été enlevé le 19 avril ainsi que son chauffeur, de nationalité algérienne, libéré, lui, 10 jours plus tard. Le groupe Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a revendiqué le rapt, a demandé à «la France et à ses alliés dans la région la libération de ses détenus» en contrepartie de celle du ressortissant français. Tout en confirmant l'enlèvement, Paris continuait à exhorter ses ressortissants de ne pas se rendre dans la région. Le président français a été destinataire d'un message des ravisseurs lui demandant d'œuvrer à la libération de l'otage, c'est-à-dire en répondant à leurs exigences. La Mauritanie dont on dit que l'armée est intervenue lors de la dernière offensive, «avec le soutien logistique de la France», a clairement indiqué le 9 juin, via son ministre de la Défense, qu'il n'est «pas question pour la Mauritanie» de libérer des membres d'Aqmi pour obtenir la libération d'otages occidentaux. L'Aqmi donne alors le 11 juillet, un ultimatum à la France : «Les moudjahidine ont décidé d'accorder un délai final à la France (...) qui n'excédera pas 15 jours, à compter de lundi 12 juillet», avait rapporté le Site, centre américain de surveillance des sites islamistes. Evoquant «la discrétion» pour mener à bien le travail qui se fait sur le terrain, la France qui «prend au sérieux l'ultimatum», affirme pourtant n'avoir reçu aucune demande des ravisseurs. Une «temporisation calculée» sans doute pour pouvoir mieux préparer l'offensive. Pour la France qui soutient que les ravisseurs refusaient tout contact avec les autorités françaises, l'assaut est imminent. Le 22 juillet, bien avant la fin de l'ultimatum, elle mène donc une offensive au nord du Mali dans une tentative de libérer son ressortissant. Cette attaque initialement endossée à la seule armée mauritanienne a certes permis, selon plusieurs sources, de mettre hors d'état de nuire «7 djihadistes» et de détruire le camp de base ciblé mais elle est considérée comme un cuisant échec dans la mesure où l'otage n'a pu être libéré. Michel Germaneau a, au contraire, été exécuté deux jours plus tard, «pour venger nos six frères tués dans la lâche opération de la France», déclarait samedi le chef de l'Aqmi. «Sarkozy a été incapable de libérer son compatriote au cours son opération manquée mais il a sans aucun doute ouvert l'une des portes de l'enfer pour lui, son peuple et sa nation», a-t-il menacé. Le président français qui a confirmé l'exécution a estimé que la France avait le «devoir» de mener le raid au Mali. Ce «crime ne restera pas impuni», a en outre averti Sarkozy, qui a dépêché hier son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui devait se rendre dans la région du Sahel (Niger, Mali et Mauritanie). A signaler que 3 autres ressortissants français demeurent toujours otages à l'étranger, dont Denis Allex, agent des services de renseignement, détenu en Somalie.