Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) persiste et signe : dans un communiqué diffusé sur un site islamiste, l'organisation terroriste affirme qu'elle avait bien eu des négociations avec des émissaires français pour la libération de l'otage français Michel Germaneau. L'Aqmi assure dans son communiqué que ses demandes étaient «claires» et qu'elle était en contact permanent (avec la France) à travers des intermédiaires. L'Aqmi enfonce le clou en indiquant que le gouvernement français est seul responsable de la mort de Michel Germaneau. Enlevé le 19 avril dans le nord du Niger avec son chauffeur algérien, l'otage français a été exécuté le 25 juillet après le raid franco-mauritanien lancé contre une position de l'Aqmi en territoire malien. «La France connaissait très bien les exigences de l'organisation pour assurer la libération de l'otage», indique le groupe dans son communiqué. En langage codé, cela signifie que l'Aqmi voulait la libération de ses éléments emprisonnés en Mauritanie en échange de celle de l'otage français. La chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera avait indiqué au mois de mai, soit quelques jours après la capture de Germaneau au Niger, que l'Aqmi réclamait à la France et à ses alliés dans la région la libération de ses détenus en contrepartie de celle du Français. Les alliés dont il est question, ou pour être plus précis, l'allié évoqué par Al Jazeera ne peut être que la Mauritanie, qui détient plusieurs terroristes affiliés à l'Aqmi. Comme preuve de la crédibilité de ce qu'elle avance, l'Aqmi rappelle l'affaire de Pierre Camatte, le Français que le groupe avait enlevé en novembre 2009 puis libéré trois mois plus tard après avoir obtenu la libération de quatre islamistes détenus au Mali. Pour l'organisation terroriste, la libération de cet humanitaire est une preuve qu'elle était prête à négocier le cas Germaneau. «L'expérience de Pierre Camatte, qui s'est terminée par sa libération, prouve que les moujahidine n'ont recours à l'assassinat que si la France en décide ainsi», précise le communiqué de l'Aqmi. Le gouvernement français a maintenu lundi qu'il n'y a jamais eu de négociations avec l'Aqmi pendant la détention de Michel Germaneau, démentant les affirmations de Abdelmalek Droudkel, chef de l'organisation terroriste, qui avait affirmé avoir négocié avec Paris pour la libération de Germaneau. Le 26 juillet, le président français Nicolas Sarkozy avait affirmé que l'ultimatum d'Aqmi n'avait «jamais été précédé du moindre début de dialogue avec des autorités françaises ou locales». Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, avait indiqué pour sa part que la France n'avait «jamais eu de revendications précises». Malgré ses dénégations, le gouvernement français n'en est pas moins gêné par l'affaire, d'autant qu'une partie de l'opinion est convaincue que c'est à la suite de l'opération commando ratée contre une base de l'Aqmi que Michel Germaneau a été exécuté.