Désarçonné par l'échec de l'opération commando du 22 juillet à la suite de laquelle l'otage français Michel Germaneau a été exécuté par ses ravisseurs, le gouvernement français multiplie les bourdes. La dernière en date est de Bernard Kouchner qui propose, le plus sérieusement du monde, l'implication de l'Algérie dans la guerre contre l'organisation terroriste d'Al Qaïda au Maghreb islamique. Dans un entretien publié hier par le journal français Le Parisien, le chef de la diplomatie française revient sur son périple sahélien en affirmant que la lutte contre l'Aqmi exige aussi l'implication de l'Algérie, voire de la Tunisie et de la Libye. Bien curieuse déclaration qui fait abstraction des progrès considérables réalisés par l'Algérie et ses deux voisins maghrébins dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Mais, connaissant Kouchner et le peu de considération qu'il accorde aux dirigeants de notre pays, pour ne pas dire le mépris qu'il leur voue, cette sortie médiatique suggère, ni plus ni moins, que l'Algérie a été incapable de juguler le danger terroriste, et qu'en conséquence, elle ne peut prétendre à son rôle de pivot central dans la conduite de la guerre contre l'Aqmi. La signification est claire : que les pays de la région confrontés au danger terroriste confient leur destin à la France au lieu de s'en remettre à l'Algérie. Et de quelle manière : lui confier la formation de leurs troupes et les initier à des techniques de combat que seuls les spécialistes français peuvent prodiguer. Dit autrement, les armées des pays du Sahel sont inaptes au combat, ce qui laisse entendre que sans le concours militaire de la France, le terrorisme aura encore de beaux jours à vivre. Cette déclaration vise, en fait, à détourner l'opinion française de la désastreuse opération commando du 22 juillet. Le ministre français qui explique à qui veut l'entendre que le «raid» était un succès puisqu'il a permis d'éliminer 6 terroristes, et que, de toutes les manières, Michel Germaneau, étant captif d'un dangereux groupe terroriste, n'allait pas s'en sortir vivant, il fallait tenter une opération de «dernière chance». Concomitamment, elle rejoint la campagne insidieuse développée depuis quelques jours en Mauritanie et au Mali où des voix autorisées se sont exprimées pour contester, non pas le rôle précurseur de l'Algérie dans la lutte antiterroriste, mais sa volonté de la «monopoliser». Une accusation qui ne tient pas la route sachant qu'Alger refuse de jouer au gendarme régional, mais ce rôle plairait plutôt aux Français, soucieux de préserver la vie de leurs «humanitaires» mais aussi et surtout leurs précieux intérêts stratégiques au Sahel. Car, de quel monopole pourrait-on accuser l'Algérie, sachant que le commandement militaire formé des armées des 4 pays du Sahel installé à Tamanrasset n'a pour l'instant qu'une existence formelle ? La France, qui multiplie les promesses en direction de ses anciennes colonies du Sahel, dont les gouvernants sont confrontés à la fois au danger terroriste et à une situation socioéconomique catastrophique, cherche en réalité à réaffirmer ses «droits» historiques sur la région du Sahel. Certes, elle n'enverra pas ses parachutistes bleu-blanc-rouge sauter sur les repaires de l'Aqmi mais juste «conseiller» et «assister» les armées du Sahel. En somme, rendre caduque l'accord conclu entre l'Algérie et les Etats de la région et, dans le même temps, torpiller les efforts de notre pays en vue d'assurer la sécurité le long des frontières qu'elle partage avec ses voisins du Sahara et du Sahel.