Après quelques ratés à son démarrage, la saison estivale a pris sa vitesse de croisière, ces dernières semaines, à Annaba. On peut même affirmer aujourd'hui que les appréhensions des uns et des autres étaient non fondées et qu'il fallait juste laisser le temps au temps. Au temps des baignades et des veillées nocturnes dans une ville qui est toute entière offerte aux plaisirs de la mer, autant pour ses habitants que pour les gens de passage. Dès les premières heures de la matinée, les plages Rezgui Rachid (ex-Saint Cloud) et Rizzi Amor (ex-Chapuis), situées à un jet de pierre du centre-ville, sont investies par les baigneurs et se transforment très vite en de véritables ruches où animation et ambiance sont le credo. Et ce ne sont pas les seuls plans d'eau sur lesquels les candidats à la trempette jettent quotidiennement leur dévolu. Il y en a d'autres, beaucoup d'autres, de la minuscule baie de la Caroube qui est au tout début de la Corniche bônoise jusqu'à la grande plage de Aïn Achir qui baigne la falaise du cap de Garde. Les sites touristiques disséminés à travers la côte de Annaba deviennent les endroits privilégiés des vacanciers et des familles annabies en quête de fraîcheur nocturne et de moments de détente en cette période de canicule. La Corniche, un des lieux privilégiés des promeneurs de tous les âges, ne désemplit pas à longueur de journée du fait de l'affluence incessante des vacanciers. A l'instar de tous les écosystèmes de montagne, le massif de Yakouren, qui fait jonction avec celui d'Adekar, joue un rôle très important dans l'équilibre environnemental. Non seulement il constitue un réservoir d'eau, mais il est aussi considéré comme une source d'énergie et de diversité biologique. Il est une source d'énergie dans le sens où il fournit des produits forestiers et procure des plaisirs récréatifs aux visiteurs. Ne dit-on pas que la forêt joue une triple fonction : sociale, écologique et économique ? La biodiversité des montagnes assure la stabilité du sol sur les pentes raides et fournit de l'eau douce, de la nourriture, du bois, des plantes médicinales et un espace de loisirs. Balade guidée à Yakouren La région de Yakouren, située à une quarantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, avec sa forêt qui s'étend sur une superficie de 13 000 ha, véritable réservoir riche en faune et en flore, est un haut lieu de récréation quand le soleil tape sur la tête en ces chaudes journées d'été. A une heure de route de Tizi Ouzou ville, et au détour d'un virage de la RN 12, juste après l'hôpital de Azazga, le visiteur met déjà le premier pas dans ce magnifique site qui ressemble à une carte postale. Dès que vous vous enfoncez sur cette route sinueuse qui arpente ce massif, vos poumons regorgent d'air pur et frais à rendre le sourire même aux personnes atteintes de maladies respiratoires. Yakouren, ce n'est pas seulement sa dense forêt. C'est aussi sa sympathique petite ville qui vous ouvre les bras comme pour vous inviter à y faire une halte. Cette région contient d'importantes sources thermales. La plus connue est sans doute Hammam Kiria. Le nom de la Fontaine fraîche, baptisée «Touiza», est intimement lié à celui de Yakouren. Une halte au niveau de ce lieu presque mythique est systématique. «Presque tout le monde s'arrête ici. En plus de ceux qui viennent pour s'y reposer, pratiquement tous les passagers à destination ou en provenance de Béjaïa y observent un arrêt qui pour se désaltérer, qui pour prendre une bonne bouffée d'oxygène avant de retrouver la pollution et l'insalubrité des villes comme Tizi», nous dira Hamid qui tient, à l'instar de plusieurs autres personnes, une «boutique de fortune». Faite de roseaux bien taillés et érigée à proximité de la fontaine, il y expose différents objets de poterie et de vannerie. A quelques mètres seulement, des enfants s'amusent à jeter des bouts de bananes aux singes magots qui accourent à chaque fois qu'un véhicule s'arrête. «Je viens souvent ici, en particulier durant les week-ends. Mes enfants adorent particulièrement les singes. Aussi, en ce lieu, on se ressource», nous dira Ammi Ali, qui est proche de la retraite. Yakouren, ce n'est pas seulement les arbres et l'eau fraîche, c'est aussi une faune très riche. Il n'est pas rare en effet, quand on s'enfonce un peu dans la forêt, de rencontrer un chacal, un porc-épic ou un lièvre qui se disputent les espaces entre de luxuriantes végétations et de magnifiques arbres comme le chêne zen et le chêne-liège. Non loin se trouve une autre fontaine miraculeuse dont on loue la qualité de l'eau, guérisseuse de multiples maladies notamment les calculs rénaux. Ce lieu est la destination favorite des estivants qui viennent en famille apprécier la saveur et la fraîcheur d'une eau limpide et cristalline. Les amoureux des vestiges archéologiques ne risquent pas d'être déçus non plus. La forêt d'Ath Ghobri est parsemée de vestiges antiques (stèles libyques) et de ruines à Begoub. Mais là, on regrette presque les jours d'antan où les gens pouvaient s'y rendre en toute sécurité. Un homme qui tient une autre boutique nous dira avec regret : «Il n'est pas recommandé de s'enfoncer dans la forêt. Certains endroits peuvent être dangereux. C'est pourquoi les gens pique-niquent juste à proximité de la route.» Barrage de Taksebt : pêche à ligne et cailles à la braise Un autre lieu qui attire incontestablement beaucoup de monde est le barrage de Taksebt. Cette petite mer intérieure située juste à la sortie sud d'Oued Aïssi est un véritable haut lieu de villégiature. Si durant la journée les alentours sont presque déserts pour cause de manque d'arbres aux abords du barrage, les soirées deviennent très animées. Dès que le soleil commence à décliner, ce lieu est très convoité pour se procurer quelques moments d'évasion. Lors de notre virée, nous avons remarqué que les gens qui viennent en famille peuvent être comptés sur les doigts d'une main. C'est plutôt des soirées entre copains, pour pêcher à la ligne ou déguster quelques cailles. Tout au long de la berge ouest, soit sur la route de Takhoukht, des jeunes n'ont pas trouvé mieux que d'installer des grils en plein air. Ces «restaurateurs» qui commercialisent également des boissons alcoolisées proposent toutes sortes de grillades. Mais les cailles à la braise restent les plus prisées. «C'est 80 DA l'unité et vous pouvez la déplumer vous-même si vous le désirez», nous lancera un jeune vendeur qui avait le sourire jusqu'aux oreilles tant la demande est importante. «Je gagne bien ma vie ainsi», ajoutera-t-il. Plusieurs véhicules utilitaires sont garés tout au long de la route. C'est dans ces véhicules que l'on transporte les produits à vendre. L'ambiance est particulière. Les pêcheurs sont aussi nombreux. «Moi je viens ici chaque soir pour pêcher. De temps en temps j'arrive à avoir une bonne pièce», dira Samir, originaire du village Tala Khellil qui surplombe le barrage. En nous parlant, ses yeux sont rivés sur sa ligne qu'il surveille en continu. Il y a même ceux qui se permettent quelques brasses. Des jeunes n'hésitent pas de se jeter à l'eau notamment du côté est de la digue principale. Le barrage de Taksebt se transforme ainsi en lieu d'évasion. Seule fausse note, l'insalubrité qui caractérise les lieux. En effet, le bord de la route offre un spectacle désolant. Des sachets en plastique, des canettes de bière, des bouteilles d'eau jonchent le sol. Pourtant, des corbeilles ont été placées à plusieurs endroits. Mais rare sont ceux qui les utilisent. Azeffoun la conquérante Outre les lieux d'évasion cités plus haut, la wilaya de Tizi Ouzou est aussi une wilaya côtière. A 35 km seulement de Tigzirt, Azeffoun, sa sœur jumelle, est un endroit très visité en été. Des milliers d'estivants prennent les plages de l'ex- Port Gueydon d'assaut. Appelée Ruzazus du temps des Romains, Azeffoun offre toutes les commodités pour un repos bien mérité. Azeffoun, ce n'est pas seulement ses plages c'est aussi ses structures d'accueil, comme l'hôtel Le Marin, son port, sa vieille ville, ses vestiges qui invitent le visiteur à d'innombrables découvertes et lui offrent un plaisir sans cesse renouvelé. Cette région côtière est chargée d'histoire. Cette histoire peut se lire comme un livre ouvert. Son autre particularité, c'est d'avoir donné naissance à tant de grands noms de la culture algérienne, dans toutes ses manifestations. C'est la région natale de hadj M'hamed El Anka, Rouiched, Tahar Djaout, Issiakhem, Iguerbouchen et tant d'autres figures encore. La clémence des conditions météorologiques du mois de juin a quelque peu retardé le démarrage effectif de la saison estivale qui se trouve écourtée par l'arrivée du ramadhan dès la première dizaine du mois d'août. Ce n'est que depuis le début du mois en cours que la ville a retrouvé son animation estivale. De la plage du centre jusqu'à celle de Petit Paradis, ils sont des dizaines de milliers en quête de moments d'évasion. Dès que vous mettez le pied à Azeffoun, vous êtes vite captivé par le boulevard du front de mer Yacef Omar, dit Petit Omar, qui a connu des travaux d'aménagement et d'embellissement. Le projet de réaménagement ira jusqu'au vieux port, avons-nous appris, et les travaux sont toujours en cours. Mais là, les commerçants qui exercent tout au long de ce boulevard n'arrêtent pas de rouspéter. Il y a quelques jours, ils ont même organisé une marche pour protester contre l'interdiction faite par les services de sécurité aux automobilistes de se garer tout au long du boulevard. Une telle décision risque de donner le coup de grâce aux petits commerçants qui n'attendent que la saison estivale pour exercer pleinement leurs activités.