Barack Obama, qui s'est fait souffler les bougies de son gâteau d'anniversaire, est un président qui tient parole. Tombé d'accord avec David Cameron sur la nécessité de reprendre urgemment les négociations de paix au Proche-Orient, le patron de la Maison-Blanche a réaffirmé que les forces américaines quitteront bel et bien l'Irak en 2011. Pas une année de plus, la stabilité politico-sécuritaire de l'Irak post-Saddam sera désormais l'affaire des Irakiens. Dommage que l'actuelle administration US ait décidé de partir aux dates convenues, a regretté Tarek Aziz, l'ancien chef de la diplomatie du gouvernement sunnite du défunt Saddam. Interrogé à partir de sa cellule, où il purge une peine de quinze ans de prison pour crimes contre l'humanité, - le Libérien Charles Taylor risque, lui, la perpétuité après le témoignage de Naomi Campbell qui a priori ne savait pas que les diamants regorgeaient de sang -, Tarek Aziz n'a pas ménagé l'héritier de la guerre préventive en Irak. D'après ses déclarations dans le journal britannique The Guardian, Obama n'a pas rectifié quelques-uns des tirs maladroits de W. Bush. Au fond, il n'est qu'un hypocrite». Parce qu'il a continué de marcher sur les traces de son prédécesseur républicain ? Non, a corrigé le célèbre détenu. C'est parce que le président Obama maintient l'ordre de rapatriement des boys. Ce n'est pas juste que les forces américano-britanniques abandonnent l'Irak aux loups. Elles ont le devoir de s'assurer au moins que le pays se remette d'abord sur pied avant d'agiter la main en signe d'adieu. C'est la moindre des choses, de toute manière la démocratisation tant promise n'avait aucune chance d'aboutir. Il y a de ces signes de départ qui ne trompent pas. Pis, après des mois de négociations, les grands partis politiques d'Irak n'arrivent toujours pas à s'entendre sur la formation d'un gouvernement. Ce qui a obligé le président Obama à prendre sa plume et à écrire au guide spirituel chiite, le grand Ayatollah Ali Sistani, l'invitant à intervenir personnellement pour faire cesser les querelles entre responsables politiques. Ce sont ceux-là mêmes que Tarek Aziz a osé désigner comme étant des loups ? Dans son entretien, de derrière les barreaux d'une prison irakienne, l'ancien vice-président irakien est resté vague sur cette question. Ce qu'il sait c'est que l'Irak va devenir la proie favorite de tous ceux qui aspirent au pouvoir post-invasion. Au point que le partage de ce dernier, au lendemain du départ des forces étrangères, se fera dans le sang ? Tarek Aziz n'est pas le seul à redouter l'avènement d'une guerre civile à laquelle prendraient part, à distance, des pays voisins et après laquelle des puissances mondiales pourraient reprendre leurs vieilles plates-bandes. Mais à trois mois des élections de mi-mandat aux States, - le camp démocrate pourrait perdre la majorité aux deux chambres -, le président Obama ne peut se permettre de ne pas tenir sa promesse à quitter l'Irak en 2011. Idem pour le Britannique David Cameron qui, lui, ne sait plus vraiment comment retirer les soldats de Sa Majesté d'Afghanistan sans avoir à vexer son allié américain. Il n'aura qu'à marcher dans les pas de l'armée néerlandaise, le Danois Rasmussen finira bien pas se rendre à l'évidence que l'aventurisme transatlantique au-delà des frontières de l'espace géographique de l'Otan doit s'imposer des frontières. La détresse de Tarek Aziz va-t-elle encore s'accroître à l'approche de la date fatidique ? Qui ne tente rien n'a rien. Il aura au moins réussi à lancer un ballon sonde en direction de l'opinion publique irakienne et l'opinion internationale sur l'opportunité du maintien de la colonisation, légitimée par un mandat de l'Onu.