En neuf mois de présence à la Maison-Blanche, le président Barack Obama s'est, certes, fait remarquer par un discours prônant la paix, mais rien de concret n'a été perçu sur le terrain, comme c'est le cas pour le Proche- Orient où Israéliens et Palestiniens sont plus loin que jamais d'un accord. Contre toute attente, le prix Nobel de la paix a été attribué hier au président américain Barack Obama “pour ses efforts extraordinaires en vue de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples”. Selon le président le du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland : “Le comité a attaché beaucoup d'importance à la vision et aux efforts d'Obama en vue d'un monde sans armes nucléaires.” Il y a eu par le passé des attributions contestables du prix Nobel de la paix, mais cette-fois-ci c'est la totale parce que le lauréat, Barack Obama, n'a rien fait de palpable, qui puisse justifier cette décision, en dehors de nombreux discours prônant effectivement la paix. Nul ne trouvera à redire que toutes ses déclarations vont à l'encontre de celles de son prédécesseur, George W. Bush, connu pour être un “va-t-en guerre”. Ceci étant, qu'est ce qu'a réalisé le nouveau locataire du bureau ovale depuis sa prise de fonctions le 20 janvier 2009 ? À part des discours pompeux, comme celui de juin au Caire qu'il a adressé au monde musulman, on en est toujours au stade des paroles, pour ne pas dires des promesses non tenues. Au Proche-Orient, son approche a eu pour effet de raidir davantage la position israélienne avec l'arrivée de Benjamin Netanyahu et son chef de la diplomatie Avigdor Lieberman, qui refusent de céder sur les questions essentielles pour les Palestiniens, telles que la décolonisation, le statut de Jérusalem-Est ou le droit au retour des réfugiés palestiniens. En d'autres termes, et si on prend en compte le refus de Mahmoud Abbas de reprendre les négociations avec le gouvernement israélien tant que la colonisation n'est pas gelée, on peut affirmer que la paix s'est éloignée davantage. Pour en revenir au discours mielleux adressé à la communauté musulmane, il n'a été suivi d'aucune action sur le terrain. Là-aussi on en est encore au stade des promesses. Le retrait des troupes américaines d'Irak, promis déjà dans les déclarations de la campagne électorale américaine, n'arrive pas à trouver un terrain de concrétisation tant la situation sécuritaire dans le pays de Nouri al-Maliki n'est guère rassurante, comme l'indique le nombre de soldats US, qui n'a pas point diminué en 2009. En Afghanistan, il est question maintenant de renforts militaires pour espérer venir à bout des talibans, qui menacent sérieusement le régime de Hamid Karzaï. Barack Obama s'attelle à convaincre le Congrès pour envoyer près de 40 000 soldats à Kaboul, comme le recommande le général Mac Chrystal, pour pacifier le pays. Washington recourt toujours à la force pour arracher la paix. C'est en opposition avec le discours de paix de la nouvelle administration américaine. L'autre annonce pour la paix, mais pas encore suivie d'actions concrètes, concerne l'éventuelle annulation du projet de bouclier antimissile en Europe de l'Est de George Bush. En effet, c'est un bon signe, mais il faut attendre les faits pour juger. Tout cela pour dire que l'attribution du prix Nobel de la paix à Barack Obama constitue un empressement à faire de lui un homme de paix, alors qu'il n'a fait part pour l'instant que de son intention d'atteindre cet objectif. Il aurait, peut-être, fallu attendre un peu plus pour voir les résultats sur le terrain. Certes, l'intention est bonne, mais il n'y a pas mieux que les résultats palpables. Il n'en demeure pas moins que le prix sera remis à Oslo le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l'industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel. Il consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises, l'équivalent de près d'un million d'euros. Barack Obama est le troisième président américain en exercice à remporter le prix Nobel de la paix. Theodore Roosevelt avait été récompensé en 1906 et Woodrow Wilson en 1919. L'ancien locataire de la Maison-Blanche Jimmy Carter l'a obtenu en 2002.