Dilemme n «Le moment approche où il faudra décider entre s'impliquer plus qu'avant pour réduire les désaccords sur les sujets principaux ou se borner à gérer la situation.» Le résultat limité du sommet entre Barack Obama, le Palestinien Mahmoud Abbas et l'Israélien Benjamin Netanyahu, hier, mardi à l'ONU, suscite des doutes sur la possibilité du Président américain de mener à bien son initiative de paix pour le Proche-Orient, estiment des analystes. Pour M. Obama la question de la poursuite ou non de son initiative pour le Proche-Orient est déjà posée, ajoutent-ils. Le président doit notamment tenir compte, disent-ils, des déceptions possibles dans le monde arabe et musulman, où l'on continue à penser qu'il est décidé à obtenir un accord rapide, juste et durable au conflit vieux de 60 ans avec Israël. Pour la Maison-Blanche, la paix entre Israël et les Palestiniens est un moyen précieux de restaurer l'image des Etats-Unis et d'éloigner le spectre du terrorisme islamiste. Mais la rencontre de New York et les épisodes qui l'ont immédiatement précédée sont plutôt décourageants, disent ces experts. «L'administration Obama n'a guère d'atouts pour lancer et mener des négociations efficaces», estime Aaron David Miller, du centre d'études Woodrow Wilson. «Le moment approche où il faudra décider entre s'impliquer plus qu'avant pour réduire les désaccords sur les sujets principaux ou se borner à gérer la situation», poursuit ce spécialiste du Proche-Orient, qui a conseillé de précédentes administrations sur le sujet. Les thèmes essentiels de désaccord sont les frontières d'un futur Etat palestinien, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, avait déclaré en mai que l'administration viserait un gel complet de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui font partie de la zone dont les Palestiniens veulent faire leur Etat. Les Etats-Unis, disait-elle, ne feront pas d'exception pour la «croissance naturelle», expression du gouvernement israélien désignant le développement des colonies pour y loger les familles lorsqu'elles s'agrandissent. Daniel Kurtzer, un ancien ambassadeur américain en Israël et en Egypte, rappelle l'échec de la récente mission de l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, qui entendait obtenir des progrès sur les questions-clés, en particulier la colonisation. Cela a contraint le président à s'impliquer directement dans ce que l'ancien diplomate, spécialiste du Proche-Orient à l'université de Princeton, décrit comme «un coup de dés risqué». Après avoir échoué à mettre d'accord les dirigeants israélien et palestinien sur un communiqué commun, le président a finalement publié sa propre déclaration, a noté M. Kurtzer, qui a cru y déceler une trace d'agacement de la part de l'hôte de la Maison-Blanche. Colonisation/ Les Palestiniens intransigeants l L'Autorité palestinienne s'est montrée hier intransigeante sur le gel de la colonisation juive avant toute négociation avec Israël, après un sommet à New York marquant une intervention accrue du Président américain Barack Obama dans les efforts de paix au Proche-Orient. «Nous avons insisté (lors du sommet) sur la nécessité du respect par Israël de ses engagements, notamment l'arrêt de la colonisation sous toutes ses formes, y compris la croissance naturelle», a déclaré le Président palestinien Mahmoud Abbas peu après la rencontre. «La reprise des négociations dépend (aussi) de la définition de bases claires pour ce processus. Ces bases doivent être un engagement (israélien) que le retrait doit se faire selon les frontières du 4 juin 1967», avant la conquête des territoires palestiniens par Israël, a ajouté M. Abbas. «Notre position avant ce sommet et après reste la même», a-t-il dit.