Avec le départ du Président Alvaro Uribe du palais de Bogota, les bruits de bottes vont-ils définitivement à la frontière vénézuélo-colombienne ? L'arrivée de Juan Manuel Santos au pouvoir ouvrirait une nouvelle ère de paix. D'où ce message d'amour que le Président Hugo Chavez a adressé au peuple voisin le jour de l'investiture de son homologue colombien. Un peu moins d'un mois après la rupture des relations bilatérales, les pendules du dialogue franc et direct sont en train d'être remises à l'heure. Les deux chefs d'Etat ont même tenu un tête-à-tête pour balayer les malentendus et remettre le compteur à zéro. Désormais, c'est fait. A Santa Marta, en Colombie, les deux Présidents ont décidé de rétablir leurs relations diplomatiques et commerciales. La normalisation de leurs relations est en marche accélérée. Le nouveau Président colombien se serait-il montré moins pro-américain que son prédécesseur qui avait, lui, bénéficié d'un large soutien des Etats-Unis dans sa lutte contre les cartels de la drogue ? A s'en tenir à des déclarations récentes d'Hugo Chavez, les intentions guerrières d'Uribe ne sont plus d'actualité. A moins que le Président Santos se mette à son tour à accuser le gouvernement de Caracas d'abriter 1500 combattants des forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). Il est certainement trop tôt pour cerner son action à l'endroit de son voisin vénézuélien ou présager d'un quelconque «retournement» de sa part à un moment ou à un autre durant sa mandature. Compte le présent et tous ces actuels indices qui sont tous passés au vert, en l'espace d'une passation de consignes entre Uribe et Santos. Il faut dire également que les assurances du Président Hugo Chavez ont été claires, nettes et précises. Jamais le Venezuela ne permettrait la présence de groupes armés sur son territoire. Que l'empire des Yankees l'entende bien, le gouvernement de Caracas ne soutient pas et ne soutiendra pas les guérillas et le narcotrafic. Cela ne veut pas dire que les autorités vénézuéliennes nient l'existence de ces phénomènes. Tout ce qu'elles demandent c'est qu'elles ne soient accusées à tort de les soutenir. Un mensonge que le Président Uribe aurait provoqué exprès (sous la dictée ?) lorsque son pays a présenté devant l'organisation des Etats américains des «preuves» sur la présence active de 1500 guérilléros sur le sol vénézuélien. Maintenant que cette «sale page» a été tournée, la confiance reviendra-t-elle entièrement, au point qu'un rapprochement américano-vénézuélien devienne envisageable ? Ce ne sera pas demain la veille surtout si Washington insiste pour accréditer Larry Palmer comme nouvel ambassadeur des Etats-Unis à Caracas. Le Président Chavez n'en veut pas, point final. Il s'est même étonné comment Barak Obama a pu croire un instant que le Venezuela allait accepter ce candidat qui avait estimé que le moral des forces armées vénézuéliennes était bas. Tout en partageant les «préoccupations» de son diplomate, Washington n'avait pas pris cela pour de l'ingérence dans les affaires internes du Venezuela. Ingérence ou pas ingérence, le Bolivarien a invité le gouvernement des Etats-Unis à choisir quelqu'un d'autre, à la place de Larry Palmer qui, selon Caracas, aurait rompu lui-même les règles de la diplomatie. Le gouvernement vénézuélien craint-il qu'une fois en place le diplomate US s'intéresse de trop près à tout ce qui se passe à Caracas ? Dans son rapport annuel sur le terrorisme, le Département d'Etat a précisé que le niveau de l'aide apportée par le Venezuela aux guérillas colombiennes demeure incertain. Quant à l'existence de cette aide, elle demeure certaine, d'après l'œil de Washington.