Dans un geste d'apaisement, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a autorisé son ministre des Affaires étrangères, Nicolas Maduro, à assister à l'investiture de M.Santos. Juan Manuel Santos a été investi hier président de Colombie lors d'une cérémonie à laquelle devait assister le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, marquant la volonté de rapprochement de Caracas après la crise l'ayant opposé au gouvernement sortant. L'ex-ministre de la Défense colombien (2006-2009) devait prendre ses fonctions hier après-midi, aux alentours de 15h00 (20h00 GMT) lors d'une cérémonie qui a été précédée d'intenses tractations diplomatiques et de la médiation du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour rapprocher Caracas et Bogota, opposées sur la présence présumée de quelque 1500 combattants des Farc au Venezuela. Bogota avait présenté le 22 juillet à l'Organisation des Etats américains des documents attestant la présence de membres des Forces armées révolutionnaires en Colombie (Farc, marxistes), entraînant la rupture par Caracas de ses relations diplomatiques avec la Colombie et l'annonce de déploiements de troupes dans le sud du Venezuela, à la frontière colombienne. Toutefois le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé vendredi, moins de 24 heures avant la cérémonie, que son ministre des Affaires étrangères, Nicolas Maduro assisterait à l'investiture de M.Santos. Auparavant, il s'était entretenu avec le président brésilien Lula, qui avait offert ses bons offices pour réconcilier les deux voisins. Hugo Chavez et Lula ont abordé les relations avec Bogota lors d'un entretien de deux heures auquel participait aussi l'ex-président argentin, Nestor Kirchner, secrétaire général de l'Union des nations d'Amérique du Sud (Unasur). «Nous sommes très optimistes», a déclaré le président vénézuélien à l'issue de la rencontre. Luiz Inacio Lula da Silva s'est pour sa part abstenu de tout commentaire, y compris après son arrivée dans la capitale colombienne en fin de journée. «C'est un message positif qui nous permet de consolider le chemin de la fraternité», avec le Venezuela a déclaré au journal El Espectador le futur vice-président Angelino Garzon. Treize chefs d'Etat et quelque 3000 invités assisteront à la cérémonie place Bolivar, dans le centre historique de Bogota, entourés de mesures de sécurité draconiennes avec près de 27.000 militaires et policiers déployés dans la capitale colombienne. Lors de la prise de fonction du président sortant Alvaro Uribe, 18 personnes avaient été tuées par des attentats menés à l'aide d'engins artisanaux, à proximité du palais présidentiel. M.Santos, 58 ans, ex-ministre de la Défense, mais aussi du Trésor et du commerce extérieur, issu d'une famille influente en Colombie, prendra les rennes d'un pays où la guérilla reste active sur près de 50% du territoire, bien qu'elle ait reculé. Elu le 20 juin avec 69% des voix, il a promis encore plus de fermeté face aux Farc, auxquelles il avait porté des coups en tant que ministre de la Défense, notamment lors de la libération de 15 otages de cette guérilla, dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt, le 2 juillet 2008. Il devra s'atteler aussi à résoudre la pauvreté endémique du pays (46% de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté), son taux de chômage élevé et la corruption. Il a nommé pour ce faire un gouvernement plus technocratique que celui du président sortant, qui inclut des représentants de partis de centre et de droite, cherchant ainsi à composer une équipe «d'union nationale». Alvaro Uribe (droite) quitte le pouvoir avec un taux de popularité frisant les 80%. Selon ses proches, il devrait rapidement rejoindre New York où il fera partie de la commission d'enquête internationale des Nations unies sur le raid israélien mené fin mai contre une flottille humanitaire en route pour Ghaza.