En effet, la communauté musulmane de Belgique, même si elle est intégrée ou tente de le faire au mieux, reste pourtant parfois sinon marginalisée du moins pointée du doigt par certains concitoyens. La raison étant que la religion musulmane a été souvent «confondue» - sciemment ? - du moins «associée» depuis les tragiques évènements du 11 septembre - que le monde musulman a condamnés sans équivoque - à un islamisme rétrograde, synonyme de terrorisme. De nombreux partis et mouvements, de droite particulièrement - et c'en est devenue une constante occidentale - ne cessent de brandir, à diverses occasions, la menace terroriste islamiste, en veillant scrupuleusement à en faire un savant amalgame avec l'Islam. L'Islam vrai attaqué de toutes parts Les objectifs de ces attaques contre l'Islam, une religion de juste milieu, de modération et surtout de tolérance qui exclut toutes formes d'exagération et d'extrémisme, sont devenues monnaie courante particulièrement en périodes électorales, quand il convient de miser sur le «tout sécuritaire». A l'évidence, les polémiques stériles qui accompagnent le port du foulard ou l'excision des femmes africaines et qui n'ont absolument rien à voir avec la religion musulmane, mais toujours associées à celle-ci, participent de cet objectif inavoué de donner une mauvaise image de l'Islam et du musulman. Le mois sacré de Ramadhan s'avère donc un moment propice et privilégié pour l'ensemble des communautés musulmanes, résidant en Occident et particulièrement en Europe, pou montrer le vrai visage de l'Islam. Grâce notamment à un comportement au quotidien qui honore l'Islam mais surtout grâce à un dialogue avec les autres communautés. En Belgique, le conseil des théologiens et l'Exécutif des musulmans de Belgique, l'organe chef de culte, représentant la communauté musulmane de Belgique, veillent quelque peu à cela et tentent de remplir leurs missions au mieux. Même si ces dernières années, cet organe a connu des couacs internes avec des dissensions, propres à un organe aux statuts particuliers. En Islam, pas d'intermédiaire entre le croyant et Allah L'essentiel étant que le musulman n'a de compte à rendre qu'à son Dieu, et qu'en Islam, contrairement à l'Eglise chrétienne, par exemple, il n'y a pas d'intermédiaire, ni de clergé et les hommes de foi, n'ayant aucun pouvoir spirituel, ne doivent se limiter qu'à l'enseignement et à la vulgarisation du Coran. Ramadhan sera donc mis à profit, comme chaque année en Belgique, pour rappeler aux fidèles les vraies valeurs de l'Islam et surtout insister sur les fondements même de notre religion et sur les aspects d'humanisme, de solidarité, de charité, de sacrifice, etc. Il ne faut pas oublier, à ce propos, cette idée fausse mais tenace qu'ont de nombreux non musulmans du Ramadhan et dont certains d'entre eux n'hésitent pas à associer à une période de «bombance» et de ripailles… Il n'est pas rare en effet que des voisins, collègues, voire des amis évoquent le Ramadhan comme un mois de sacrifices, de jeûne, difficile à observer pour eux : «Ah vous ne buvez pas ? Même pas une goutte d'eau ?…» et soulignent avec un brin de malice : «Vous mangez beaucoup le soir avec plein de sucreries aussi. Comment faites-vous pour tenir ?» Etc. Etc. Des préjugés à la vie dure Tout ceci pour montrer l'image véhiculée au niveau de certaines communautés européennes qui fréquentent pourtant des milieux et communautés musulmans. Est-ce à dire que la communauté musulmane ne fait pas de lobbying, n'essaie pas d'intéresser son voisin à sa culture, sa religion, ses traditions ? C'est sans doute le rôle des spécialistes et de nos représentants au niveau de nombreuses conférences oecuméniques qui prennent parfois le devant de la scène politique. Mais il serait judicieux de porter cette «bonne parole» auprès des autres communautés et des citoyens et en cela les associations de mosquées qui pullulent en Belgique devraient jouer un rôle important. A condition d'avoir les personnes compétentes pour le faire. A ce jour, hormis le Centre islamique et culturel de Belgique, connu surtout pour ses «medersas» et sa «grande» mosquée et qui reste sous l'emprise de certains intérêts car financé en partie par l'Arabie Saoudite, les autres mosquées «vivotent» comme elles peuvent et sont donc sujettes à des OPA de toute nature. D'où probablement la vigilance et surtout le contrôle et l'appréhension que leur portent les autorités belges, depuis que l'Islam a été amalgamé avec l'islamisme et le terrorisme. Il n'en demeure pas moins que ces lieux de culte sont fréquentés assidûment et par des autochtones de plus en plus attirés par l'Islam et ce qu'il véhicule comme valeurs. Beaucoup de jeunes femmes belges embrassent l'Islam D'ailleurs, on assiste à des conversions de plus en plus nombreuses notamment de la part de jeunes femmes belges vers l'Islam, à l'issue de leurs mariages avec des musulmans. Côté traditions, en période de Ramadhan, certaines communes de Bruxelles capitale où se concentrent de fortes communautés musulmanes d'origines maghrébine ou turque, pour ne citer que celles-là, connaissent d'ailleurs des «rushs» où de nombreux belges n'hésitent pas à se rendre. C'est ce qui a poussé cette année encore les autorités communales à prendre leurs devants afin de «réguler» la circulation lors des pics d'affluence, c'est-à-dire lorsque les musulmans s'y rendent pour s'approvisionner en produits «hallal» dans les boucheries et autres magasins «exotiques» de Molembeek, Schaerbeek, Saint Gilles, Saint Josse, Anderlecht… Ce qui prouve bien que la communauté musulmane de Belgique suscite l'intérêt auprès des autorités qui respectent son droit de culte. Entre autres activités, la communauté aura droit, lors des soirées «tarawih», à des conférences qui seront animées par des «habitués» et organisées autour de thématiques aussi diverses que la dangerosité du tabac, la fraternité, la charité et les valeurs intrinsèques que véhicule le Coran. OPA du Maroc et de l'Egypte sur les musulmans de Belgique Last but not least, le cinquième pilier sera mis à profit par l'Exécutif des musulmans de Belgique pour «importer» une soixantaine de «conférenciers» venus tout droit du royaume du Maroc (42) et d'Egypte (20). En fait des imams censés animer les tarawihs durant ce mois sacré. De nombreux observateurs s'interrogent sur le bien-fondé de cette action - il existe en Belgique des imams capable de faire ce travail - et crient déjà au scandale, dans la mesure où personne n'est dupe puisque le Maroc et l'Egypte, en ce faisant, lancent une véritable OPA sur l'Islam de Belgique. Alors l'Exécutif des musulmans de Belgique, en «voulant bien faire», a-t-il succombé à des sirènes qui ne manqueront pas de le faire «chanter» plus tard ? Il est permis de croire que les dix-huit universitaires, notamment marocains, dépêchés via la Fondation Hassan II présidée par la princesse Lalla Meryem, sœur du roi Mohammed VI, seront ici en «service commandé». La communauté marocaine l'une des plus importantes résidant en Belgique sera-t-elle dupe ? Les Egyptiens, quant à eux, quel rôle joueront-ils à Bruxelles ? Une chose est sûre : le régime alaouite cherche à «contrôler» d'une manière ou d'une autre sa communauté à l'étranger et le ministère des Affaires religieuses égyptien a sûrement pour la Belgique des visées qui ne disent pas leur nom. Quant à ceux qui sont censés représenter les intérêts des musulmans de Belgique, c'est-à-dire l'EMB, ils ont sans doute fait un nouveau faux pas de plus en cédant le terrain à ce qui s'apparente à de l'ingérence étrangère. La communauté musulmane de Belgique a vraiment de quoi méditer en ce Ramadhan 2010…