Djilali Hadjadj, porte-parole de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) et représentant de Transparency International en Algérie, fait savoir sans le moindre détour que la corruption est une pratique très en vogue au sein des institutions de l'Etat. La passation des marchés publics en Algérie souffre d'un grave défaut de transparence. De ce constat nuisible à l'économie algérienne dans son volet ayant trait notamment aux domaines des investissements découle cette équation d'une simplicité extravagante : plus l'opacité caractérisant la procédure d'octroi des marchés publics est dense, plus le fléau de la corruption gagne davantage en ampleur dans le pays. Le porte-parole de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) en veut pour preuve le dernier classement établi par Transaparency International (TI) au sujet de l'ampleur prise par le fléau de la corruption dans le monde et dans lequel l'Algérie figure parmi les pays où tous les voyants sont au rouge. «Dans le dernier classement de Transparency International, l'Algérie a figuré à la 111e place avec une notre de 2,6/10», fera savoir Djilali Hadjadj. Il explique que ce système de notation que fait sienne TI se veut être un indice révélateur de l'ampleur de la corruption dans le pays concerné. «Et quand un pays obtient une note inférieure à 3/10, cela veut dire que ce pays fait l'objet d'une pratique effrénée de la corruption en haut niveau», a ajouté en substance le même interlocuteur. Cela pour dire qu'avec 2,6/10, l'Algérie connaît, d'après M. Hadjadj, une forte propagation de la corruption au sein des institutions publiques. Du coup, et à s'en tenir aux propos du représentant de TI en Algérie, la procédure de passation des marchés publics en Algérie sera toujours à dénoncer pour longtemps. D'ailleurs au sujet de cette procédure, Djilali Hadjadj a déploré le fait que la réglementation algérienne mise en application dans ce domaine est de son avis «très permissive». «Je dois vous dire que sur 95% des marchés attribués, aucun de ces derniers n'est octroyé suivant les règles de la transparence.» Notre interlocuteur dénonce dans le même sillage qu'il y a abus en matière d'octroi des marchés suivant la formule du gré à gré qui est de son avis «devenue la règle et non pas l'exception». Le gré à gré prend en effet le dessus dans le domaine de passation des marchés publics. Cependant, en matière d'affaires de corruption qui ont éclaté, il est avéré que la formule du gré à gré est dans la majorité des cas à l'origine de ces scandales. Dans l'enceinte des instances judiciaires, le traitement des affaires de corruption nécessite par ailleurs beaucoup de temps, et ce, pour la simple et bonne raison que»pour un magistrat, la preuve dans une accusation de corruption est très difficile à détecter», nous a fait savoir de son côté Djamel Laïdouni, président du Syndicat national des magistrats (SNM), dans un entretien accordé au Temps d'Algérie.