Alors que le pasteur Terry Jones a annoncé qu'il renonçait à brûler des Corans pour commémorer le 11 septembre, l'ensemble de la presse américaine a tenté d'analyser pourquoi la poplémique a pris une telle ampleur. Le New York Times s'interroge sur le rôle des médias dans cette affaire, rappelant que des fondamentalistes chrétiens avaient déjà brûlé un Coran en 2008 mais que l'info n'avait quasiment pas été reprise. Terry Jones a su profiter du vide médiatique de l'été et de la polémique sur la mosquée de Ground Zero pour monter à la une. Certains titres annoncent d'ailleurs aujourd'hui qu'ils ne publieront pas de photos du Coran détruit par le feu. Le New York Times, lui, n'a pas de «ligne éditoriale» sur «les photos offensantes – un tas de gens peuvent se sentir offensés par tout un tas de choses», mais le journal ne cherchera pas délibérément à «offenser quiconque, s'il n'y a pas de justification éditoriale et journalistique à cette publication». Même dans le très conservateur Fox News, l'attitude du pasteur Jones est condamnée. Le révérend John Rankin signe un éditorial dans lequel il rappelle que le pasteur, dont l'église compte une cinquantaine de membres, a avoué n'avoir jamais lu le Coran. Il souligne que sa propre «conception de la Bible le conduit à respecter aussi un texte sacré auquel ne croit pas». Un pasteur de Floride s'étonne, lui également, dans une lettre au Washington Post, de la place accordée par les médias à cet individu : ce pasteur, qui n'est affilié à aucune grande église, qui n'a écrit qu'un seul livre, autopublié, n'a pas plus de légitimité à ses yeux que les illuminés qui défilent dans les rues avec une pancarte «repentez-vous, la fin est proche». Et pourtant il a été interpellé par le chef de l'Etat américain, un haut gradé militaire et le Vatican. Pour cet internaute, c'est la «fin de la crédibilité journalistique qui est proche». Dans le Daily News, l'éditorialiste Errol Louis explique que jusqu'à récemment, il partageait l'opinion de Michael Bloomberg, le maire de New York, que la vague anti-islam actuelle s'évanouirait après les élections de mi-mandat. Mais il n'en n'est maintenant plus si sûr. Le climat actuel rappelle que «l'Amérique a toujours été tentée de créer des mouvements ou des partis autour de l'idée du combat contre un ennemi commun. C'est aujourd'hui le tour de l'islam». Et de rappeler une série récente d'attaques contre des cibles musulmanes aux Etats-Unis.