l L'intention affichée par un petit groupe intégriste chrétien américain de brûler le Coran a fait réagir le monde entier. Les dénonciations et les appels à empêcher cet acte odieux se multiplient. Reste à savoir maintenant ce que feront les autorités américaines dans les heures qui viennent. Au-delà de la condamnation, Obama et son administration doivent impérativement réagir pour empêcher un acte qui, s'il venait à être commis, aurait des conséquences graves et imprévisibles. A ces condamnations, s'ajoutent des appels pressants en direction des Etats-Unis et d'Obama en particulier pour arrêter cette intention d'autodafer du Saint Coran. L'Inde a condamné ce jeudi matin le projet du pasteur américain de brûler de nombreux exemplaires du Coran et a appelé les médias indiens à ne pas en diffuser d'images. «Les autorités américaines ont vigoureusement condamné les déclarations du pasteur, les chefs religieux du monde entier ont également condamné son projet, nous condamnons aussi son projet», a déclaré le ministre indien de l'Intérieur Chidambaram. «Nous espérons que les autorités américaines vont agir de façon vigoureuse pour éviter qu'un tel outrage soit commis», a-t-il ajouté. Même réaction en Indonésie ou le président Susilo Bambang Yudhoyono a appelé son homologue américain à empêcher ce projet. Il a envoyé une lettre au président Barack Obama, lui demandant de prendre des mesures pour empêcher que le livre sacré des musulmans soit brûlé et éviter ainsi des tensions entre les religions. «Le projet de brûler le Coran suscite une très vive inquiétude, car cela pourrait provoquer un conflit au sein des religions», a déclaré le porte-parole. Des hauts dignitaires religieux et politiques du Moyen-Orient, dont la prestigieuse institution Al-Azhar du Caire, ont prévenu quant à eux que la destruction par le feu d'exemplaires du Coran serait lourde de conséquences pour Washington. Cheikh Abdel El-Moati El-Bayoumi, l'un des principaux responsables d'Al-Azhar, a pressé le gouvernement du président Barack Obama d'arrêter ce projet. «Si le gouvernement américain ne parvient pas à l'arrêter, cela constituera la dernière manifestation en date du terrorisme religieux, et cela ruinera les relations de l'Amérique avec le monde musulman», a-t-il déclaré. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «troublé» hier mercredi par le projet du groupe évangélique américain de brûler des exemplaires du Coran le 11 septembre. «Le secrétaire général est profondément troublé par les informations concernant un petit groupe religieux qui a l'intention de brûler des exemplaires du Coran. De tels actes ne peuvent être soutenus par aucune religion», a dit Ban. La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé pour sa part également ce projet le qualifiant d'«acte d'odieux». «Si un pasteur évangéliste intégriste aux Etats-Unis veut brûler le Coran le 11 septembre, je trouve que cela manque de respect, que c'est odieux et tout simplement une erreur», a affirmé Merkel. De son côté, le gouvernement du Canada a qualifié de «dangereux et nuisible», le projet de cette église américaine de brûler le Coran en public, estimant que cet acte «provoquera plus de violence et de haine». «C'est une expression très provocatrice de la liberté», a dit le ministre canadien de la Défense. «C'est un acte réactionnaire qui prêche l'intolérance, un acte dangereux et nuisible», a-t-il poursuivi. L'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, a condamné, lui aussi, fermement l'intention de ce groupe intégriste de Floride de brûler le Coran. «Plutôt que brûler le Coran, j'encouragerais plutôt les gens à le lire», a indiqué dans un communiqué l'ancien Premier ministre et actuel représentant du Quartette pour le Proche-Orient. «Je condamne l'acte de brûler le Coran. C'est irrespectueux, c'est mal et ce sera largement condamné par les peuples, religieux ou non», a indiqué Tony Blair. Une grave provocation contre les musulmans Acte n Malgré les mises en garde venues du monde entier, le groupe évangélique américain réaffirme son intention de brûler le Coran. Le pasteur Terry Jones du «Dove World Outreach Center» (Centre colombe pour aider le monde ) qui est à l'origine du projet polémique a indiqué hier, mercredi, qu'il ne reculerait pas : «Au moment où je vous parle, nous n'avons aucune intention d'annuler», a-t-il déclaré à la presse. «Le temps est venu pour nous de nous tenir debout pour combattre le terrorisme», a ajouté ce pasteur auteur d'un livre intitulé L'Islam est diabolique. Les exemplaires du Coran doivent être brûlés le 11 septembre, jour anniversaire des attentats de 2001, à Gainesville, petite ville du nord de la Floride au sud-est des Etats-Unis. Hier, mercredi, les autorités de Gainesville se sont réunies pour étudier leur réponse à la manifestation. Un porte-parole de la municipalité a indiqué qu'en brûlant le Coran, les responsables de la communauté religieuse violeraient l'article municipal 10-63 qui interdit les feux en plein air et risqueraient ainsi une amende de 250 dollars. Il a également indiqué que des arrestations pourraient survenir. «Cela dépendra de ce qui se passera après l'intervention des pompiers et de la police de Gainesville pour éteindre le feu», a-t-il expliqué. L'initiative du petit groupe américain, qui réunit une cinquantaine de membres, est censée glorifier le souvenir des victimes des attentats du 11-Septembre. Elle survient à un moment particulièrement sensible aux Etats-Unis, les autorités craignant une montée du sentiment anti-musulman. Le projet d'installation d'un centre musulman près de Ground zero à New York suscite, notamment, de vives réactions. Des sondages montrent que de plus en plus d'Américains pensent que le président Barack Obama est musulman alors qu'il affiche régulièrement sa foi chrétienne. Fondé en 1986 à Gainesville, le «Dove World Outreach Center» suit une ligne intégriste, accusant l'Islam de vouloir dominer le monde. En réaction, les autorités américaines ont dit craindre pour la vie de leurs soldats en Afghanistan. Le département d'Etat a souligné toutefois l'isolement du «très petit groupe» à l'origine du projet. L'égérie du mouvement ultraconservateur et très religieux «Tea Party», de Sarah Palin, ancienne candidate républicaine à la vice-présidence américaine, a condamné une «provocation inutile». Le Vatican a, pour sa part, dénoncé «un geste de grave offense envers un livre considéré comme sacré par une communauté religieuse». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé qu'un tel acte ne pouvait être soutenu «par aucune religion». Le projet a également suscité de vives réactions au Moyen-Orient. L'Iran a assuré que sa réalisation provoquerait des réactions «incontrôlables». L'institution sunnite d'Al-Azhar au Caire, traditionnellement modérée, a estimé de son côté que «si le gouvernement américain ne parvient pas à l'arrêter, cela ruinera les relations de l'Amérique avec le monde musulman et constituera une opportunité pour le terrorisme». Des dirigeants occidentaux ont également condamné vivement la décision du groupe évangéliste. Angela Merkel a parlé de «geste odieux et de grave erreur.»