La publication, vendredi d'une centaine de témoignages de victimes de prêtres pédophiles a assommé les catholiques de Belgique. La hiérarchie de l'Eglise est de nouveau mise en cause. Le quotidien Le Soir a donné le ton ce week-end en affichant sur fond noir la comparaison avec la tragique affaire de pédophilie qui assomma la Belgique dans les années 1990, provoquant d'immenses marches blanches de protestation contre le laxisme des autorités et de la police dans les grandes villes du pays. Une comparaison faite devant la presse par le président de la commission d'enquête, le pédopsychiatre Peter Adriaenssens. Preuve de cette émotion, le journal a mis directement en cause dans son éditorial, ce week-end, «la lourde culpabilité de l'Eglise». Le journal, comme plusieurs autres, a choisi de publier sur plusieurs pages un certain nombre des 488 témoignages de victimes d'actes pédophiles commis par des prêtres. Treize d'entre elles, selon le rapport rendu public vendredi par la commission Adriaenssens, se seraient suicidées. Un véritable séisme dans ce royaume où l'Eglise catholique garde un magistère moral éminent et une véritable emprise sur la société à travers ses fondations caritatives et ses écoles. Ce rapport est d'autant plus douloureux pour le clergé belge que son président, Peter Adriaenssens, a été recruté au début 2010 par... l'Eglise elle-même pour faire la lumière sur ce scandale des prêtres pédophiles. L'opération vérité voulue par le clergé s'est donc, par l'accumulation accablante des faits, transformée en acte d'accusation, avec pour personnage éponyme l'évêque démissionnaire de Bruges, Roger Vangheluwe, qui a avoué avoir abusé sexuellement de son neveu mineur dans les années 70-80.