«L'Algérie est presque au but et devrait devenir émergente dans les toutes prochaines années, surtout si la paix sociale se consolide dans le pays», c'est là l'avis de Moubarack Lô qui dirige le cabinet Émergence, spécialisé dans le conseil en management et dans les études économiques et ancien conseiller économique au cabinet du Premier ministre du Sénégal. Il s'est exprimé hier dans les colonnes de l'hebdomadaire économique Les Afriques. Pour ce spécialiste, «la moitié des pays africains pourrait atteindre l'émergence dans quinze ans», étant donné les politiques de réformes entreprises et la création de marchés boursiers. Les pays en développement constituent aujourd'hui des pôles d'attraction des investissements, avec une croissance économique importante. Les progrès réels des pays sont mesurés par des indices et des variables économiques regroupées en trois dimensions : une dimension de dynamisme, une dimension de stabilité macroéconomique et une dimension de transformation. «Un pays économiquement émergent est donc un pays qui croît vite et de manière continue, avec un cadre macroéconomique de qualité et qui réussit à diversifier sa base économique», explique cet économiste. A la question quels sont les pays africains susceptibles de parvenir à l'émergence, l'ancien conseiller des premiers ministres sénégalais répond en ces propos : «D'après notre travail, huit pays africains ont d'ores et déjà franchi le stade de l'émergence. Il s'agit de la Tunisie, de l'Ile Maurice, du Maroc, du Botswana, du Cap-Vert, de la Libye, de l'Afrique du Sud et de l'Egypte. Il leur faut maintenir leurs efforts pour devenir post-émergents pour certains, et pré-développés pour d'autres à l'horizon 2020. L'Algérie est presque au but et devrait devenir émergente dans les toutes prochaines années, surtout si la paix sociale se consolide dans le pays». Sont également bien positionnés pour devenir émergents en 2025 le Sénégal, la Tanzanie, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Nigeria, le Kenya, le Ghana, l'Angola et l'Ouganda. Sur le plan du revenu, l'Algérie a été classée deuxième sur le continent noir après l'Afrique du Sud, avec un PIB de plus de 150 milliards de dollars. Les autorités ont adopté depuis deux ans une nouvelle politique économique basée sur l'encouragement de l'outil national et le partenariat. Les partenaires commerciaux ont été invités à s'implanter pour développer une base économique compétitive, sachant que l'Etat a maintenu ses investissements dans les grandes infrastructures avec un budget de 286 milliards de dollars à l'horizon 2014. Des avantages particuliers et inexistants ailleurs sont offerts aux investisseurs voulant créer des activités dans les domaines de l'agriculture, le tourisme, l'industrie et les ressources minières, d'autant plus que le marché algérien est plus important que celui de trois pays réunis, à savoir le Maroc, la Tunisie et l'Egypte. Dans le domaine de l'automobile, le parc algérien est plus grand que celui des trois pays cités et vient juste après l'Afrique du Sud. Malgré ce facteur déterminant, les constructeurs automobiles préfèrent le statut d'importateur distributeur, quitte à baisser leurs marges bénéficiaires et payer de lourdes taxes.