Les services de l'état civil des différentes communes de la capitale sont submergés. Les citoyens y viennent en masse pour retirer les différents documents administratifs, rentrée sociale oblige. Des queues interminables sont visibles dans les différents services. Le rush concerne les guichets de retrait de l'extrait de naissance et du certificat de résidence. Le record est détenu par le guichet de légalisation des papiers. Ce service ne se vide quasiment pas, causant une anarchie difficile à maîtriser. «Il faut une heure pour sortir un extrait de naissance et une heure pour le légaliser. On perd un temps fou ici», dira un père de famille rencontré à l'APC de Sidi M'hamed. Le hall de ce service, où se trouvent des chaises pour les gens qui attendent la délivrance d'un papier, est bondé de monde. Beaucoup attendent debout pendant des heures avant de se faire délivrer les papiers. «C'est la faute à l'école» «Tout ça, c'est la faute à l'école. Chaque année, on nous demande de ramener une pile de papiers pour pouvoir inscrire nos enfants. A chaque rentrée scolaire, c'est le même problème. Je suis d'ailleurs ici depuis la première heure de la matinée pour deux documents que je dois déposer à l'école afin d'inscrire mes enfants», dira ce père de famille qui vient juste de retirer ces papiers. Pour lui, l'instruction donnée par le ministre de l'Education, il y deux ans, selon laquelle les parents sont tenus de ramener un extrait de naissance n°12 à la première année de la scolarisation de leurs enfants pour n'être plus obligés de renouveler le dossier chaque année relève de la spéculation. «C'est faux, ce n'est vraiment pas le cas. La preuve, chaque année, je me déplace pour retirer les mêmes documents», a-t-il rétorqué. Le bureau de retrait de l'extrait de naissance «12 S» pour le passeport et la carte nationale connaît lui aussi une fréquentation record par les citoyens. Au premier étage où est situé ce service, une chaîne interminable, bloquant parfois l'escalier, est visible dans cette commune. Outre la charge et les longues attentes devant ces guichets, les citoyens sont souvent perdus et n'ont pas les orientations nécessaires de la part des agents mobilisés sur place. «Retirez-vous, prenez les chaises et éloignez-vous du guichet. A chaque fois que je fini un paquet de documents, j'appelle à haute voix pour que chacun entendent son nom», a fini par crier l'agent chargé de la légalisation des papiers à la commune de Dely Ibrahim. Ce cri intervient après une dure matinée de travail marquée par une affluence importante de citoyens et quelques disputes avec des gens mécontents de cette situation. Les citoyens qui attendent dans cette salle depuis plusieurs heures ne trouvent, eux aussi, même pas un endroit où se mettre. Ils s'éloignent pendant quelques minutes et reviennent vite dans l'espoir de pouvoir sortir avec ce document. «J'ai retiré quatre extraits de naissance et quatre résidences. Je prépare la rentrée universitaire. Ce sont des documents que j'utiliserai durant toute l'année», dira une étudiante rencontrée sur place. Interrogée sur le nombre excessif des documents retirés, cette jeune fille dira qu'elle ne veut plus retourner à l'APC pendant un bon bout de temps. «J'ai perdu la journée à attendre un document et je serai contrainte de faire la même chose à chaque fois que j'aurai besoin d'un document. Je préfère les avoir tous à la maison et ne plus remettre les pieds ici jusqu'à l'année prochaine», a-t-elle encore indiqué. Informatisation de l'état civil : dans les oubliettes Cette situation remet sur la table le projet d'informatisation des services de l'état civil. La pratique archaïque de remplissage de documents administratifs manuellement continue d'être une pratique courante dans nos communes qui sont, pourtant, appelées à moderniser ces services pour plus d'efficacité et un meilleur service public. En dehors de l'extrait de naissance n°12 S, introduit récemment pour la carte et le passeport biométriques, délivré à partir d'un micro-ordinateur sur la base d'un fichier de données préparées, tous les autres documents sont encore délivrés à la main. D'ailleurs, la longue attente des citoyens devant ces guichets est souvent expliquée par les comportements peu civiques des agents administratifs, qui souffrent, eux aussi, de la fatigue et de la saturation. Deux raisons qui expliquent également les nombreuses erreurs commises dans la transcription des noms des citoyens. Corriger ces erreurs commande de parcourir un autre parcours du combattant. «C'est la troisième fois que je reviens ici dans cette même matinée pour corriger des erreurs commises dans l'écriture de mon nom», dira une dame à l'agent pour pouvoir accéder au bureau qui lui rectifie cette faute. Voilà que cette dame se trouve balancée d'un guichet à un autre pour pouvoir arracher cette correction. «Nous allons réhabiliter les locaux de ce service et passer ensuite à l'informatisation», nous dira M. Laghdar, élu à la commune de Dely Ibrahim, qu'on a rencontré dans les locaux de ce service. «Tout est fin prêt pour lancer cette opération. Le budget est déjà décidé, il ne manque que le lancement des travaux», a-t-il encore ajouté. Notre interlocuteur posera le problème de la formation du personnel à ce nouvel outil. «Nos agents doivent être formés pour ça aussi. Il faut une mise à niveau de notre personnel aussi. Tout cela est prévu, ce n'est qu'une question de temps», a souligné M. Laghdar.