L'arrestation, puis la présentation devant la justice de Djilali Hadjadj, président d'une association de lutte contre la corruption, représentant de Transparensy International et «surtout» journaliste, même si ce n'est pas son activité principale, pose un sérieux problème d'éthique. Inévitablement, la question qui vient tout de suite à l'esprit est de savoir si M. Hadjadj a été réellement appréhendé pour un délit de droit commun, comme il est prétendu dans les raisons qui ont motivé officiellement les poursuites engagées contre lui, ou au contraire pour ses activités militantes, comme il est suggéré par sa défense et la quasi-totalité des réactions qui en ont suivi. Le problème est d'autant plus sérieux que les états «jurisprudentiels» en la matière ne manquent pas de matière. En l'occurrence, les règlements de compte avec des militants politiques, associatifs ou corporatistes quand ce n'est pas simplement avec des professionnels soucieux de leur indépendance et de leur rigueur morale, il y en a à la pelle. La tentation de «normaliser» ou carrément de contraindre au silence des voix et des plumes libres est loin d'être une vue de l'esprit dans des pans entiers du pouvoir politique ou des cercles d'intérêts qui ont encore les moyens d'actionner la justice pour se mettre à l'abri de l'impact d'une dénonciation, voire d'une opinion. Mais les mêmes états jurisprudentiels comptent aussi des revers de la médaille moins médiatisés, dénaturés, ou pire encore, passés sous silence au nom d'un curieux esprit de corps dont l'arrière-pensée politique constitue la matrice essentielle. Pour être plus clair, il faudra peut-être rappeler que des journalistes et des leaders d'opinion ont eu à s'expliquer devant la justice pour des histoires de chèque sans provision, pour de menues escroqueries ou des délits encore plus graves, mais problème, les réactions qui ont suivi les faits n'ont pas toujours été à la hauteur du courage politique qu'on pouvait naturellement attendre d'un mouvement d'opinion attentif et intègre. Et les réflexions qui suggèrent qu'il y a des corps professionnels et des acteurs politiques ou associatifs qui croient pouvoir se situer au-dessus de la loi, si elles sont rares, ne manquent pas pour autant d'intérêt. Djilali Hadjadj a sûrement été arrêté et poursuivi parce qu'il a dérangé quelque intérêt et ceux qui le soutiennent ont le devoir moral et éthique de dire qu'à ce titre au moins, il n'avait pas le droit de délivrer des certificats médicaux de complaisance à son épouse. Sinon la ligne de démarcation avec ceux qui ont lancé une cabale contre lui, avec d'autres motivations, deviendrait imperceptible. L'horrible demi-information ou demi-mensonge «consensuellement» rapporté par les journaux sur la mort d'un confrère hante encore les esprits. Dans la foulée d'une douleur qui a accompagné la disparition tragique de Kader Boukerche, on avait stupidement «oublié à l'unanimité» qu'avant de se donner la mort, il avait assassiné son épouse. L'oubli aurait-il été possible s'il s'agissait d'un drame survenu en dehors de la profession ? Non. Le problème est vraiment sérieux. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir