Le sommet de l'UE tenu jeudi sur la situation des Roms a été marqué par un vif échange entre Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso. Le chef d'Etat français a indiqué que la France continuerait à démanteler des camps illicites, et le second a confirmé que l'ouverture éventuelle par la Commission européenne d'une procédure d'infraction sur ce dossier restait d'actualité. Au cours d'une conférence de presse, le président français a longuement défendu sa politique envers les Roms, cible de critiques de l'exécutif et du Parlement européens, des Nations unies ou encore du département d'Etat américain, assurant qu'elle respectait strictement le droit européen. Il a surtout eu des mots très durs envers la commissaire européenne à la Justice et aux Droits fondamentaux, Viviane Reding, qui avait assimilé mardi les expulsions des Roms par la France aux événements de la Seconde Guerre mondiale. De sources diplomatiques au sein de plusieurs délégations, Nicolas Sarkozy a vivement interpellé José Manuel Barroso à propos de Viviane Reding au cours du déjeuner restreint des chefs d'Etat et de gouvernement. «Le président français a piqué une grosse colère, il a franchi les limites à plusieurs reprises. Cela a été assez violent», dit un diplomate. «Il est revenu à plusieurs reprises sur le sujet et a voulu poursuivre la polémique», a encore expliqué ce diplomate. Selon d'autres sources, plusieurs Etats membres sont intervenus dans cet échange et ont considéré que Viviane Reding n'en était pas moins dans son droit de contrôler l'application des traités. La Commission s'inquiète d'une application discriminatoire et d'une transposition incomplète par la France de la directive européenne de 2004 sur la liberté de circulation. Paris doit s'en expliquer formellement au cours des prochains jours auprès de la Commission, qui a prévu de se pencher sur le cas français d'ici fin septembre.