La secrétaire générale du Parti des travailleurs a réitéré hier son soutien aux mesures prises par le gouvernement algérien «dans sa nouvelle orientation économique», tout en appelant le président de la République à dissoudre l'APN et organiser des élections législatives anticipées en vue de concrétiser la rupture avec la politique héritée du parti unique. Elle affirmera dans ce sens également que tous les dossiers pendants doivent être réglés, à commencer par celui des disparus. S'exprimant hier lors d'une conférence de presse sanctionnant la première réunion du nouveau comité central du parti, Louisa Hanoune a relevé les «points positifs» contenu dans la Loi de finances 2010 et encourage le gouvernement à user de plus de sévérité pour un seul but : protéger l'économie nationale et la prémunir contre la fuite des capitaux. Elle se réjouira de l'introduction entre autres du droit de péremption dans le cadre de la LFC 2010 et d'autres mesures telle celle dite 51/49 donnant la primauté au partenaire algérien. Dans ce registre, elle révélera que le ministre des Finances, Karim Djoudi, a assuré les membres de la commission des finances de l'APN lors de sa présentation de l'ordonnance n°10-04 relative à la monnaie et au crédit que les banques publiques ne seront pas ouvertes aux capitaux étrangers. Une assurance «insuffisante», selon elle, qui veut des garanties écrites. «Les étrangers s'intéressent à l'Algérie parce que leurs pays sont étranglés par les dettes», explique-t-elle non sans rappeler qu'un partenariat exige de la formation et des investissements. En revanche, si elle se réjouit des décisions «courageuses» du gouvernement dans un climat de retour progressif à la paix, Louisa Hanoune déplore la fermeture du champ politique. Elle appellera dans ce sillage le président de la République à dissoudre l'APN, et à l'organisation d'élections législatives anticipées mais surtout à la révision du code électoral. Tirant à boulets rouges sur l'assemblée, «véritable chambre d'enregistrement», Louisa Hanoune qui dénonce le recours abusif aux ordonnances, déplorera l'existence en son sein «d'affairistes et de représentants de multinationales». «Ce n'est pas avec une telle assemblée où les députés ne déclarent même pas leur patrimoine, qu'on luttera contre la corruption», dira-t-elle tout en faisant remarquer que la lutte contre la corruption nécessite une démocratie, une justice indépendante et un Parlement librement élu. Elle appellera également l'Etat à ouvrir les champs politique, médiatique et syndical, dans la mesure où «la charte pour la réconciliation nationale a grandement aidé au retour progressif à la paix». «Le dossier des disparus n'est pas clos» Dans ce même registre, et tout en appelant l'Etat à résoudre tous les dossiers en suspens, elle répondra à Farouk Ksentini sans le nommer : «Le dossier des disparus n'est pas clos.» La SG du PT dira que cette assertion «qui n'est pas la position de l'Etat», ouvre la porte aux pressions étrangères. «Il faut laisser les familles des disparus s'exprimer», exigera Hanoune qui dira cependant que les disparus de la tragédie nationale ne sont pas à comparer avec les disparus des dictatures. «Il faut une volonté politique pour résoudre ce dossier délicat», préconisera-t-elle non sans indiquer qu'il faut rendre espoir au peuple. Dans le volet social, Hanoune a abordé le secteur de l'éducation. Tout en se réjouissant des énormes efforts consentis, elle affichera son soutien aux intendants qui réclament leurs droits, et s'élèvera contre les contrat de performance qu'elle qualifie «de danger» évoqué par le ministre. Elle considère la décision de Benbouzid de suspendre les enseignants ayant cumulé 3 jours d'absence «contraire aux lois de la Fonction publique» et une atteinte au droit de grève. «Nous allons l'interpeller sur ces dossiers», dira-t-elle encore. Le comité central du parti composé de 71 membres a élu un bureau politique «équilibré», selon Hanoune, composé de 23 membres. Il s'est réuni dans la soirée d'hier pour à son tour désigner le secrétariat national.